
Le Tchad à l’instar de nombreux pays au monde n’est pas à l’abri de la corruption, une pratique courante qui menace et secoue dangereusement le pays depuis des décennies. 64 ans après l’accession du pays à son autodétermination, la corruption bât son plein et met en péril les efforts conjugués pour le décollage du pays.
La corruption est devenue aujourd’hui au Tchad, monnaie courante. Elle est montée en puissance et prive le pays de sortir des geôles du sous développement malgré que ce dernier regorge d’énormes ressources qui peuvent le servir à exceller dans le concert des nations. Les opportunités d’investissement au Tchad n’est pas à démontrer par contre l’on assiste au blocage de nombreux projets de développement et/ou à l’arrêt dans la mise en œuvre de nombreux projets de développement du fait que le pot de vin s’est érigé en règle d’or. Depuis de nombreuses années, la corruption est omniprésente, omnipotente et omnisciente chez un bon nombre des Tchadiens, ou encore dans tout le pays et n’épargne aucun secteur ou service avec la bénédiction de l’impunité exacerbée par l’impuissance du pouvoir judiciaire.
Les autorités qui sont censées réprimander ce fléau qui gangrène la société et entorse le développement du pays, cèdent de nos jours facilement à la tentation du pot de vin et tracent le boulevard de la corruption dans les administrations à tous niveaux. En cédant au désir du gain facile, nombreux, sont devenus sans détour des promoteurs, des partenaires, des sponsors et des ambassadeurs de la corruption qui pourri la société tchadienne et enfoncent ainsi le pays dans le désarroi.
Le manque d’eau potable, l’insuffisance d’accès à l’électricité, la précarité des infrastructures et services de santé de base, le manque des infrastructures routières, l’insuffisance des infrastructures adéquates pour l’éducation, le déficit de l’industrialisation du pays, l’endettement etc, sont les fruits de la corruption. Dans un pays où plus de 90% des habitants sont religieux (chrétiens ou musulmans), il est aussi inadmissible sinon absurde d’entendre parler de la pratique du pot de vin, qui est une pratique indigne de la foi chrétienne ou musulmane.
Pour stopper ce phénomène qui va de mal en pire, le gouvernement tchadien avait pris à plusieurs reprises des mesures fortes et drastiques mais celles ci n’ont pas produit des effets spéciaux pour mettre fin sinon atténuer la pratique.
À l’occasion du 64e anniversaire de l’indépendance du Tchad, le Chef de l’État Tchadien Mahamat Idriss Déby Itno a livré un discours marquant, dans lequel il a déclaré la guerre à la corruption qui gangrène le pays. Il a promis une politique de « tolérance zéro » face aux détournements de fonds publics, annonçant que ce fléau serait désormais au centre de son agenda politique. Cette déclaration marque une nouvelle ère dans la lutte contre la prolifération de la corruption mais toutefois le doute plane chez plus d’un tchadien quant à la mise en œuvre de ces promesses.
En août 2024, les autorités tchadiennes de la transition ont mis en place une autorité indépendante de lutte contre la corruption et ratifié des textes et des instruments juridiques pour renforcer cette lutte. Cependant, malgré ces efforts, le Tchad reste classé parmi les pays les plus corrompus au monde selon Transparency International.
La principale difficulté dans la lutte contre la corruption au Tchad reste l’impunité, un fléau qui doit être éradiqué pour que cette bataille ait un impact réel. Le manque d’autorité de l’État et l’absence d’une lutte efficace contre les détournements de fonds, qui continuent d’être tolérés, voire protégés ne peuvent permettre une avancée majeure de la lutte.
Face à l’impunité et l’inefficacité du pouvoir judiciaire à punir sévèrement les delis de la corruption, le chemin vers une véritable transparence semble encore long et semé d’embûches. La population attend des actions concrètes pour traduire les paroles en réalité afin de léguer à la génération futur, un pays indépendant, souverain, prospère et irréprochable de la corruption.