Centrafrique : Héritier Doneng défie l’Assemblée nationale en s’adossant à Faustin-Archange Touadéra

Centrafrique : Héritier Doneng défie l’Assemblée nationale en s’adossant à Faustin-Archange Touadéra

La tension monte entre le pouvoir exécutif et l’Assemblée nationale en République centrafricaine. Dans une atmosphère politique de plus en plus électrique, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Héritier Doneng, fait front contre une vague de contestation parlementaire en brandissant l’arme la plus redoutée du régime : le soutien du président Faustin-Archange Touadéra.

Dans une note adressée récemment à l’exécutif, des députés ont exigé la révocation du ministre, l’accusant sans détails publics pour l’instant de mauvaise gestion et d’inefficacité dans la conduite des politiques jeunesse. Mais Doneng ne se laisse pas ébranler. Sur sa page Facebook, il a réagi avec assurance, qualifiant les accusations d’« émois » et d’« intrigues », balayant d’un revers de main ce qu’il perçoit comme de simples agitations politiques.

« Restons sereins et concentrons-nous sur les œuvres de reconstruction nationale. Notre seul objectif, c’est soutenir le Président de la République », a-t-il publié. Une déclaration claire, presque provocatrice, qui réaffirme sa loyauté envers Touadéra, présenté comme son principal voire unique rempart contre l’hostilité parlementaire.

Ce bras de fer entre un ministre contesté et des élus frustrés met en lumière un déséquilibre institutionnel connu mais rarement assumé : dans l’actuelle configuration du pouvoir à Bangui, l’Assemblée nationale peine à faire entendre sa voix face à un exécutif dominé par la figure présidentielle. La réplique de Doneng semble ainsi s’inscrire dans une logique d’impunité politique nourrie par l’hyperprésidentialisme du régime Touadéra.

Ce nouvel épisode relance également le débat sur les limites du contrôle parlementaire en Centrafrique et sur la capacité des ministres à se défaire de toute exigence de redevabilité, dès lors qu’ils se placent sous le parapluie présidentiel.

Mais jusqu’où ce soutien déclaré du chef de l’État tiendra-t-il face à la pression politique et à une opinion publique de plus en plus exigeante en matière de gouvernance ? L’avenir du ministre Doneng pourrait bien dépendre, non de la gravité des accusations portées contre lui, mais de l’intérêt stratégique que lui accorde encore le président de la République.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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