Le Colloque international sur « La Traduction et la Sécurité » s’est poursuivi avec la tenue de sa troisième session, centrée sur les défis linguistiques et culturels dans la traduction en contexte de sécurité. Modérée par le Dr Taoufik Grira, cette séquence de haut niveau a permis de dévoiler les enjeux souvent méconnus mais cruciaux du rôle de la traduction dans le renforcement de la sécurité nationale et internationale.
Traduction et sécurité : un terrain d’ambiguïtés culturelles
Premier à intervenir, le Dr Ismail Mellouki a mis en lumière l’impact des différences culturelles et politiques sur la précision et l’efficacité des traductions dans des contextes sécuritaires sensibles. « Un mot mal interprété, une expression mal ancrée culturellement peut transformer un message de coopération en malentendu diplomatique », a-t-il averti, plaidant pour une formation approfondie des traducteurs spécialisés dans les secteurs de défense et de renseignement.
L’idéologie au prisme de l’intelligence artificielle
Le Dr Mohammed Obeidat a, quant à lui, exploré les mécanismes de traduction de l’idéologie à travers une présentation originale intitulée « Traduire l’idéologie : traitement du discours des services de renseignement américains sur le conflit israélo-arabe par l’IA ». Il y a démontré comment l’usage de l’intelligence artificielle, loin d’être neutre, peut reproduire ou amplifier des biais idéologiques, impactant ainsi les lectures politiques des conflits.
Vers une éthique de la traduction en contexte globalisé
Abordant la dimension éthique, la Dr Ilham Ezzarrouki a développé une réflexion critique sur la violence de la traduction et ses effets dans un marché mondial dominé par des logiques d’efficacité plutôt que de paix. Selon elle, une « culture de la paix » devrait être une priorité dans la formation des traducteurs appelés à œuvrer dans des zones de tension.
Traditions, sécurité et traduction : une trilogie sensible
Enfin, M. Aboubakar Amada a proposé un focus inédit sur les outils de gestion des défis linguistiques et culturels dans la traduction des savoirs traditionnels. En contexte sécuritaire, a-t-il rappelé, les langues et cultures locales sont parfois les premières victimes de malentendus stratégiques ou de marginalisation dans les discours officiels. Il a présenté plusieurs outils numériques et méthodologiques permettant de mieux préserver et intégrer ces savoirs dans les processus décisionnels.
Un constat partagé à l’issue de cette session : la traduction est loin d’être un simple outil technique. Elle constitue une arme stratégique, capable d’apaiser ou d’attiser les tensions. Dans un monde en perpétuel bouleversement, les experts réunis appellent à une prise de conscience urgente : traduire, c’est aussi sécuriser.