Touadéra lève le voile sur la rencontre entre Bozizé et Mahamat Déby : entre diplomatie et franchise sous-régionale

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Lors d’un dîner de presse organisé ce vendredi soir à la Présidence de la République, le chef de l’État centrafricain Faustin Archange Touadéra s’est exprimé avec une rare transparence sur un sujet qui fait bruisser les milieux diplomatiques de la sous-région : la récente rencontre entre l’ancien président centrafricain François Bozizé et le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno en Guinée-Bissau.

Le président Touadéra, en maître de cérémonie détendu mais vigilant, a évoqué les contours de cette entrevue inattendue entre son prédécesseur en exil et son homologue tchadien. Une rencontre qui, selon lui, s’inscrit dans le prolongement de la feuille de route de Luanda, un accord régional parrainé par la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) et censé favoriser la paix et la réconciliation en République centrafricaine.

« Dans le cadre de cette feuille de route, il avait été demandé au Tchad de recevoir les leaders des groupes armés de la CPC [Coalition des Patriotes pour le Changement] », a rappelé Touadéra. C’est ainsi que François Bozizé, chef autoproclamé de la CPC, s’était vu accorder l’hospitalité au Tchad.Cependant, cette présence prolongée sur le sol tchadien aurait, selon le président centrafricain, mis N’Djamena dans une posture diplomatique inconfortable. « Le Tchad était gêné de la situation vis-à-vis de l’Union africaine, notamment à cause des agissements du président Bozizé à la frontière. Cela ne favorisait pas la paix en Centrafrique », a-t-il confié.

C’est dans ce contexte que la Guinée-Bissau aurait été sollicitée pour accueillir l’ex-chef de l’État centrafricain, devenu une figure centrale mais controversée des tensions armées dans le nord du pays. Ce transfert vers Bissau s’est doublé d’une entrevue entre Bozizé et Mahamat Idriss Déby, que Touadéra affirme avoir appris de première main.

« Le président Déby a eu la courtoisie de m’appeler à la fin de leur entretien pour m’informer de ce qui s’est dit », a insisté le président centrafricain, qui n’a pas manqué de saluer cette marque de respect entre chefs d’État. « Il m’a dit : ‘Voilà, il m’a demandé à me rencontrer, je l’ai reçu, voici ce que nous avons évoqué.’ »Touadéra, tout en minimisant les spéculations, a semblé vouloir rassurer sur la solidité des relations entre Bangui et N’Djamena, dans une région où les alliances sont souvent mouvantes. « Ce sont des affaires entre chefs d’État, mais je crois que ce que je peux vous dire de plus, c’est cela. »

Ce dîner de presse, aussi bien informel que stratégique, aura donc permis au président centrafricain de démontrer sa volonté de transparence, tout en réaffirmant son attachement à la voie diplomatique. L’affaire Bozizé, loin d’être close, reste au cœur des équilibres régionaux, entre quête de paix et jeux d’influence.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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