Le Togo, autrefois perçu comme un havre de paix et de diplomatie en Afrique de l’Ouest, voit son image écornée par une série d’incidents préoccupants mettant en cause le traitement réservé à des étrangers présents sur son sol. C’est ce que dénonce avec force un communiqué conjoint publié par le Front Citoyen Togo Debout (FCTD) et le mouvement Tournons La Page (TLP-Togo), qui interpellent les autorités togolaises sur les atteintes répétées à la dignité humaine et aux libertés fondamentales.
Multiplication d’abus contre des visiteurs étrangers
Depuis septembre 2024, plusieurs cas d’intimidation et de maltraitance visant des défenseurs des droits humains, des journalistes, voire de simples citoyens en séjour au Togo, ont été documentés. Le cas du militant sénégalais Guy Marius Sagna, brutalement agressé à Lomé par des individus non identifiés, a choqué nombre d’observateurs. Aucun auteur n’a été poursuivi à ce jour.
Plus récemment, en avril 2025, une militante togolaise naturalisée américaine a été interpellée dans des conditions troubles, alors qu’elle participait à un déjeuner à Lomé. Suspectée sans preuve tangible d’espionnage, elle a été retenue et interrogée avant d’être contrainte de quitter le pays, escortée par des militaires.
Dérives contre-productives à l’occasion d’événements internationaux
Le climat de suspicion a franchi un nouveau cap à l’occasion de la première Conférence de l’Union africaine sur la dette publique, tenue à Lomé du 12 au 14 mai 2025. Une participante africaine, accompagnée de son nourrisson, y aurait subi des pressions et des fouilles intrusives. Selon le communiqué, elle aurait été accusée à tort d’organiser des activités parallèles au sommet officiel.
Le cas le plus récent concerne deux journalistes russes de la chaîne RT, en tournage pour un documentaire sur le Togo. Le 16 mai, ils ont été arrêtés à leur hôtel, interrogés, puis expulsés vers le Bénin quelques heures plus tard, sans que leurs passeports ne leur soient restitués.
Un climat sécuritaire délétère pour les libertés publiques
Pour le FCTD et TLP-Togo, ces incidents illustrent une dérive sécuritaire préoccupante. « Le traitement infligé à ces visiteurs ne reflète pas les valeurs d’hospitalité que le Togo a toujours revendiquées », déplore Pr Ékoué David Dosseh, signataire du communiqué. Les deux organisations appellent à la fin d’une politique de suspicion systématique et à la garantie des droits fondamentaux pour tous les résidents et visiteurs, quels que soient leur origine ou leur engagement.
Un appel pour restaurer la crédibilité du Togo
Ce regain de répression soulève des inquiétudes sur les intentions des autorités togolaises, soupçonnées de vouloir museler les voix critiques, même étrangères. Les signataires avertissent : cette posture risque d’isoler le Togo sur la scène internationale et de nuire à son image de pays stable, attractif pour les événements diplomatiques et les investissements.
Le FCTD et TLP-Togo concluent leur appel en exhortant le gouvernement à rétablir un climat de confiance et de respect des droits humains. En jeu : la crédibilité d’un État qui aspire à jouer un rôle de médiateur régional, mais dont les actes récents entament dangereusement la légitimité.