Tchad| Reconnaissance d’un échec sécuritaire : la déclaration présidentielle relance le débat sur la détention de Succès Masra

Une déclaration du Président de la République, reconnaissant publiquement l’inefficacité de l’appareil sécuritaire dans la gestion des violences intercommunautaires, suscite une onde de choc au sein de l’opinion publique tchadienne. Ce constat, qualifié par plusieurs analystes d’« aveu d’échec d’État », relance avec vigueur les revendications en faveur de la libération de l’ancien Premier ministre et leader de l’opposition, Succès Masra, incarcéré depuis les tragiques événements de Mandakao.

Dans une analyse diffusée sur les réseaux sociaux, l’expert et juriste Allasra Djasrabaye estime que « le Président, en admettant l’inaction des responsables administratifs et sécuritaires, signe une déclaration grave : celle de l’effondrement des mécanismes régaliens de l’État ». Cette confession présidentielle, selon lui, rend juridiquement intenable la détention d’un opposant politique, accusé d’incitation à la haine dans un contexte que le pouvoir lui-même déclare ne plus maîtriser.

Pour Djasrabaye, persister à maintenir en prison un homme politique sur la base d’un audio sans lien avéré avec les massacres revient à « créer un bouc émissaire pour masquer une faillite étatique ». Il rappelle que ni les moyens de coercition ni la responsabilité du maintien de l’ordre n’incombaient à Masra, mais bel et bien à ceux qui contrôlent l’appareil exécutif. « Il est inadmissible, dans un État de droit, d’inventer des coupables pour compenser l’inertie de l’autorité publique », conclut-il.

Cette prise de position vient renforcer la campagne citoyenne pour la libération de Masra, incarnée par des mots d’ordre viraux comme #LibérezSuccèsMasra et #StopMachinationPolitique. Alors que le climat socio-politique demeure tendu, l’affaire devient un test de crédibilité pour la justice tchadienne, entre pressions politiques et exigence d’impartialité. Une chose est certaine : dans une République en quête de légitimité, l’usage du droit comme outil d’équité ou comme instrument de répression demeure au cœur des enjeux de stabilité.

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