Tchad : Quand l’urbanisation dépasse les capacités des villes

Au Tchad, l’urbanisation progresse à une vitesse fulgurante, transformant les villes et bousculant les modes de vie. N’Djamena, Moundou, Sarh ou Abéché accueillent chaque année des milliers de nouveaux habitants venus chercher l'emploi, la sécurité ou les opportunités économiques. Mais cette croissance rapide, non accompagnée, met à nu les fragilités structurelles du pays et soulève des enjeux majeurs pour les années à venir.

Au Tchad, l’urbanisation progresse à une vitesse fulgurante, transformant les villes et bousculant les modes de vie. N’Djamena, Moundou, Sarh ou Abéché accueillent chaque année des milliers de nouveaux habitants venus chercher l’emploi, la sécurité ou les opportunités économiques. Mais cette croissance rapide, non accompagnée, met à nu les fragilités structurelles du pays et soulève des enjeux majeurs pour les années à venir.

L’exemple de N’Djamena est révélateur. La capitale, qui concentre plus de 15 % de la population nationale, voit ses quartiers périphériques s’étendre sans planification claire. Lotissements spontanés, pression foncière, routes impraticables, manque d’éclairage public, accès limité à l’eau potable : les défis sont nombreux. Dans les nouveaux quartiers comme Toukra, Walia ou Atrone, les habitants s’organisent tant bien que mal pour réclamer un minimum d’infrastructures.

Moundou, deuxième ville du pays et capitale économique du sud, connaît une croissance qui dépasse largement les capacités de ses infrastructures. Portée par l’essor du commerce, des brasseries, des industries locales et de l’agroalimentaire, la ville attire une population toujours plus nombreuse venue chercher de meilleures perspectives. Mais ce dynamisme s’accompagne de tensions urbaines fortes : systèmes d’assainissement saturés, routes dégradées, quartiers non lotis qui s’étendent sans planification et gestion des déchets devenue problématique, avec des dépôts sauvages qui se multiplient à proximité des habitations. Jadis vitrine du développement régional, Moundou voit aujourd’hui son potentiel freiné par un manque d’investissements structurants, alors même qu’elle dispose des atouts nécessaires pour devenir un véritable pôle urbain de référence au Tchad.

Les autorités reconnaissent la nécessité d’un changement de cap. Depuis quelques années, plusieurs initiatives émergent : lancement de projets de voirie, réhabilitation de rues, création de stations de traitement d’eau, et surtout la réflexion en cours autour d’un nouveau plan d’urbanisme pour la capitale. Mais les besoins sont si immenses que les efforts peinent encore à rattraper le rythme de croissance.

Face à ces défis, les citoyens prennent de plus en plus la parole. Associations de quartier, collectifs de jeunes, sensibilisations environnementales : la société civile joue un rôle déterminant, alertant régulièrement sur les risques sanitaires et sécuritaires liés à une urbanisation mal gérée.

Le futur urbain du Tchad dépendra désormais de décisions stratégiques. Faut-il créer de nouvelles villes satellites pour désengorger N’Djamena ? Renforcer les pouvoirs des communes pour une gouvernance locale plus efficace ? Ou investir massivement dans le logement, l’assainissement et les transports publics ?

À l’heure où le pays aspire à une modernisation profonde, une chose devient certaine : penser la ville est devenu un impératif national. L’urbanisation n’est plus une tendance : c’est un tournant décisif pour le Tchad, dont la capacité à transformer ce défi en opportunité déterminera en grande partie son développement futur.

📷Marchel

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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