Dans le cadre du Projet de Mobilité et de Connectivité Rurale (PMCR) financé par la Banque mondiale, le village de Dobo, situé dans le canton de Nandili (province du Mandoul), a accueilli ce 29 mai une vaste campagne de sensibilisation contre les violences basées sur le genre (VBG). Une initiative salutaire portée par l’ONG ADES, en partenariat avec le gouvernement tchadien, pour prévenir les abus et accompagner les victimes.
Le projet PMCR, mis en œuvre dans les provinces du Mandoul et du Moyen Chari, vise à désenclaver les zones rurales à travers l’aménagement de pistes rurales et l’amélioration de l’accès aux services sociaux et économiques de base. Mais, comme l’ont constaté de nombreuses études, les grands travaux de génie civil peuvent entraîner des risques sociaux, notamment une recrudescence des VBG en milieu rural.
Une menace persistante dans les provinces du Sud
Malgré les efforts du Tchad et les engagements pris au plan international pour protéger les droits des femmes et des enfants, les violences basées sur le genre restent un fléau dans les provinces du Mandoul et du Moyen Chari. Mariages précoces, mutilations génitales féminines, agressions sexuelles ou violences domestiques… Ces pratiques mettent en péril non seulement les droits humains fondamentaux, mais aussi le développement communautaire.
« La présence des travailleurs migrants, la proximité avec les populations locales, et les déséquilibres économiques liés aux projets peuvent créer un terrain propice aux abus », explique une responsable d’ADES. D’où la nécessité, selon elle, d’agir « avant, pendant et après les travaux » pour prévenir toute forme de violence.
Informer, prévenir et protéger
À Dobo, la stratégie est claire : informer les habitants sur les dangers des VBG, les comportements à risque, les droits des victimes et les services d’accompagnement disponibles. Pour rendre les échanges accessibles et efficaces, l’équipe d’ADES a privilégié une méthode participative mêlant séances de sensibilisation de masse, focus groups, et utilisation de supports visuels adaptés tels que les boîtes à images.
« Le but est que chaque membre de la communauté comprenne qu’il a un rôle à jouer dans la prévention des violences, et surtout que les victimes ne doivent plus se taire », affirme le point focal VBG de la zone.
Les thématiques abordées touchent aussi bien les violences envers les femmes que la maltraitance infantile, ou encore les effets dévastateurs de la consommation de substances psychoactives.
Une réponse holistique pour les survivants
Outre la prévention, le projet intègre également un volet d’accompagnement global des survivants de VBG, notamment psychologique, médical, social et juridique. Une démarche dite « holistique » que l’ONG entend renforcer grâce à une meilleure collaboration avec les autorités locales et les médias communautaires.
Une communauté engagée pour le changement
L’une des attentes majeures de cette campagne est l’engagement concret des populations locales. Les habitants de Dobo sont appelés non seulement à signaler les cas de VBG, mais aussi à déconstruire les normes sociales qui favorisent ces violences.
« Il est temps que la voix des femmes soit respectée, que les enfants soient protégés, et que la dignité humaine soit restaurée », déclare une participante à la séance, visiblement émue.
Avec cette action pilote à Dobo, le PMCR et l’ONG ADES espèrent poser les jalons d’un modèle de développement inclusif, respectueux des droits humains, et capable d’inspirer d’autres localités tchadiennes confrontées aux mêmes défis.
