Tchad : le Musée provincial de Sarh est en agonie.

L’agonie du musée de Sarh, un trésor culturel laissé à l’abandon depuis plus d’une décennie.

Fondé en 1962, le Musée Régional de Sarh était autrefois le fier gardien d’un riche patrimoine culturel et historique, reflet de l’âme du Tchad. Hélas, ce lieu autrefois vénéré est aujourd’hui le témoin silencieux d’une négligence prolongée, abandonné à son triste sort depuis plus de 13 ans, sans le moindre soutien financier de l’État. Ce manque criant de ressources a plongé l’institution dans un état de délabrement avancé, menaçant non seulement son avenir, mais aussi la préservation inestimable du patrimoine tchadien.

Le conservateur du musée, Monsieur Saradoumngué Yamadjita Mahamat profondément attristé par la situation, exprime sa désolation face à l’indifférence des autorités. « Le musée de Sarh est une vitrine de notre identité culturelle. Son état actuel est une tragédie », confie-t-il.

Les murs, autrefois imprégnés d’histoires, portent désormais les stigmates de l’humidité et de l’abandon, tandis que les artefacts, précieux témoins des traditions et de l’art des différentes ethnies du pays, subissent une dégradation inexorable due à l’absence de conservation adéquate. La question du financement ne se limite pas à l’entretien du bâtiment.

Privé des ressources nécessaires, le musée se trouve dans l’incapacité d’organiser des expositions, des événements éducatifs, ou encore des programmes de sensibilisation à destination de la population, et particulièrement des jeunes. Ce qui devrait être un espace de savoir et de partage s’est transformé en une structure fantomatique, déconnectée des préoccupations des autorités.

Ce drame ne se limite pas au musée de Sarh, mais s’inscrit dans une problématique plus large de sous-financement chronique de la culture au Tchad. Les acteurs culturels, souvent ignorés, peinent à obtenir les soutiens institutionnels indispensables pour sauvegarder et promouvoir l’héritage culturel du pays. Cela soulève des interrogations cruciales sur les priorités de l’État en matière de culture et d’éducation, des piliers essentiels pour forger une identité nationale solide et pérenne.

Il est impératif que les autorités prennent conscience de la valeur inestimable de ce musée et lui allouent les crédits nécessaires à sa réhabilitation et à son fonctionnement durable. La culture n’est pas un luxe, mais une pierre angulaire de notre existence collective. Le musée de Sarh mérite une seconde vie, pour le bénéfice des générations présentes et futures.

Rimtemadji Ogody Herman
Rimtemadji Ogody Herman
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