Alors que les Tchadiens font face à la pauvreté, à l’insécurité et à des services sociaux défaillants, le Groupe de Concertation des Acteurs Politiques (GCAP) tire la sonnette d’alarme. Dans une déclaration lue ce 16 septembre 2025 par Max Kemkoye, la coalition d’opposition dénonce avec vigueur la révision constitutionnelle initiée par le pouvoir en place, qualifiée d’« irrégulière, illégitime et dangereuse pour l’avenir de la République ».
« Le pouvoir total et sans partage »
Le GCAP accuse le président, Mahamat Idriss Déby Itno, et ses alliés politiques dont certains opposants d’hier de chercher à confisquer le pouvoir.
« Pendant que les Tchadiens s’appauvrissent cruellement de jour en jour et sont exposés à la mort certaine à cause de l’insécurité et des maladies, Mahamat Idriss Déby Itno et ses obligés se préoccupent du pouvoir total, définitif et sans partage », a dénoncé la coalition.
Selon le groupe, le processus engagé, depuis le Conseil constitutionnel jusqu’à la convocation du Congrès en passant par la Cour suprême, n’est qu’un « cirque institutionnel » destiné à légitimer un projet de pérennisation du pouvoir.
Une violation de la Constitution
Le GCAP rappelle qu’une révision constitutionnelle ne peut découler d’une simple proposition de loi. En initiant la procédure via le Parlement, le pouvoir viole, selon l’opposition, « la lettre et l’esprit » de la Constitution.
« Ce rafistolage n’est qu’une procédure de régularisation de la violation manifeste de leur propre Constitution », poursuit la déclaration.
La coalition souligne que la convocation du Congrès et la création d’une Commission mixte paritaire par l’Assemblée nationale constituent une double violation : d’une part, le Parlement ne peut être réuni en Congrès qu’à l’initiative du président de la République ou du Premier ministre ; d’autre part, une Commission mixte paritaire n’a pas vocation à élaborer un règlement intérieur commun aux deux chambres.
La République confisquée
Pour le GCAP, cette révision constitutionnelle vise un seul objectif : transformer la République en propriété privée d’un homme et de son parti, le MPS.
« Depuis 34 ans, le MPS règne sur le Tchad en multipliant constitutions et révisions taillées sur mesure. Au lieu de servir la République, elles servent les ambitions d’un seul », déplore le groupe.
Le mouvement va plus loin, accusant le régime de préparer une dérive autoritaire sans précédent : confiscation des biens des citoyens, instrumentalisation totale des institutions, et même projet de rétablissement de la peine de mort pour éliminer les opposants.
Un appel à la mobilisation citoyenne
Le GCAP assure ne pas être dans une logique de négociation de postes ou de privilèges, mais engagé dans un combat pour « l’équité, la justice, la République et la dignité des Tchadiens ».
La coalition avance trois propositions : le retrait pur et simple du projet de révision constitutionnelle ; l’instauration d’un moratoire constitutionnel pour combler le vide juridique ; la mise en place d’une Assemblée constituante inclusive chargée d’élaborer un projet républicain de Constitution à soumettre au peuple.
Un mémorandum plus détaillé de l’opposition et de la société civile sera publié dans les prochains jours, assorti d’un mot d’ordre de mobilisation citoyenne.
Un cri d’alerte
Au-delà de l’analyse juridique, cette déclaration résonne comme un avertissement. Pour le GCAP, « ce qui est en cours, c’est un pouvoir absolu, total et infini ».
Et d’interpeller directement les citoyens : « Accepterons-nous que nous et notre pays soyons la propriété d’un seul homme ?»