Tchad| Le diplôme comme mirage : le cri silencieux d’une jeunesse sacrifiée

Sous le soleil de plomb de Klémat, devant le panneau d’affichage de l’ONG IRC, un jeune homme lit, relit, espère. Allarassem Christian, 30 ans, a le regard fatigué de ceux qui ont trop attendu. Titulaire d'une licence en économie monétaire et bancaire et d’un master en mathématiques appliquées décroché à l’Université de Yaoundé, il incarne à lui seul le désenchantement d’une génération bardée de diplômes mais laissée pour compte.

Sous le soleil de plomb de Klémat, devant le panneau d’affichage de l’ONG IRC, un jeune homme lit, relit, espère. Allarassem Christian, 30 ans, a le regard fatigué de ceux qui ont trop attendu. Titulaire d’une licence en économie monétaire et bancaire et d’un master en mathématiques appliquées décroché à l’Université de Yaoundé, il incarne à lui seul le désenchantement d’une génération bardée de diplômes mais laissée pour compte.

« J’ai cru naïvement qu’un diplôme allait changer ma vie », confie-t-il, la voix posée, mais tremblante d’amertume. Dans un pays où la jeunesse représente plus de 60 % de la population, Christian a postulé à plus d’une vingtaine d’offres, envoyé des dizaines de CV, frappé à toutes les portes. En vain. « Ici, ce n’est pas le mérite qui compte, c’est qui te connaît », lâche-t-il, le regard perdu dans le vide, entre résignation et colère contenue.

Il ne regrette pas ses longues années passées à étudier, loin de chez lui, dans l’espoir d’un avenir meilleur. Ce qu’il regrette, c’est le mensonge d’État. « On nous a vendu l’école comme une clé, mais la porte est rouillée », dit-il, esquissant un sourire douloureux. Ses mots sonnent comme une gifle à la méritocratie que l’on prône dans les discours officiels, mais que la réalité dément chaque jour un peu plus.

Allarassem Christian n’est pas un cas isolé. Son témoignage soulève une question cruciale : combien de jeunes brillants devront encore voir leurs ambitions brisées avant que le mérite, l’effort et le savoir soient enfin valorisés au Tchad ? Derrière ce visage digne se cache le cri silencieux d’une jeunesse qui étouffe, sacrifiée sur l’autel du népotisme et de l’indifférence.

À Klémat, l’espoir semble avoir déserté les regards. Mais dans les mots d’Allarassem, une étincelle demeure. Celle de ceux qui refusent d’abandonner. Parce que si l’école n’ouvre plus les portes, la voix de ces oubliés, elle, peut encore forcer les verrous.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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