N’Djamena, 13 mars 2025 – Le Conseil de l’Ordre des avocats du Tchad a vivement critiqué une récente décision de la Cour suprême, la qualifiant de grave entorse à l’État de droit. Lors d’un point de presse tenu ce 13 mars, son président, Me Djerandi Laguerre Dionro, a dénoncé des irrégularités majeures entachant cette décision.
L’affaire en question remonte à août 2024, lorsque l’éclatement d’un scandale de « sextape » a conduit à des poursuites judiciaires. Plusieurs accusés avaient été condamnés à des peines allant jusqu’à trois ans de prison par le tribunal de N’Djamena, une décision confirmée en appel. Pourtant, contre toute attente, la Cour suprême a annulé ces condamnations en février 2025, sans que, selon le Barreau, la procédure légale n’ait été respectée.
« Ce revirement est une forfaiture judiciaire flagrante », a dénoncé Me Djerandi Laguerre Dionro. Il affirme que la Cour suprême a statué de manière irrégulière, sans débat contradictoire et avec une composition inhabituelle de la section pénale.
Selon le Barreau, ses propres investigations, menées avec l’appui d’un huissier de justice, révèlent un « abus de pouvoir manifeste » et une manipulation des procédures judiciaires. Il pointe du doigt une justice à deux vitesses où certaines affaires seraient traitées selon les intérêts des personnes impliquées, plutôt que sur la base du droit.
Face à cette situation préoccupante, les avocats tchadiens interpellent les plus hautes autorités du pays, notamment le président de la République, afin de garantir l’indépendance et l’intégrité de l’appareil judiciaire. « Une justice crédible est essentielle pour la stabilité et la paix sociale », conclut Me Djerandi Laguerre Dionro.