Tchad : l’accès à l’électricité, un frein majeur au développement économique

L’accès à l’électricité demeure l’un des défis structurels les plus importants du Tchad et un frein majeur à son développement économique. Alors que le pays ambitionne de diversifier son économie, d’attirer des investissements et de moderniser ses services, la faiblesse de l’approvisionnement électrique continue de peser lourdement sur les performances nationales.

Avec un taux d’accès à l’électricité parmi les plus bas du continent, le Tchad reste confronté à une réalité préoccupante. Moins d’un Tchadien sur cinq a accès à une source d’électricité fiable, et dans les zones rurales, ce taux chute à moins de 5 %. Les coupures fréquentes à N’Djamena comme dans les autres villes, l’insuffisance du réseau et la vétusté des infrastructures compliquent le quotidien des ménages et freinent la productivité des entreprises.

Le secteur économique est le premier à en subir les conséquences. Les industries, les PME et même les petits commerces doivent recourir à des groupes électrogènes pour fonctionner, ce qui alourdit considérablement leurs coûts. Dans un contexte où le prix du carburant est déjà élevé, la dépendance au diesel réduit la compétitivité des entreprises locales et limite leur capacité à se développer. Certains entrepreneurs renoncent même à investir, faute d’un environnement énergétique stable et prévisible.

Les services essentiels, tels que la santé et l’éducation, souffrent eux aussi de cette crise énergétique chronique. Dans plusieurs hôpitaux, les opérations et les soins d’urgence sont régulièrement perturbés par des pannes de courant. Les écoles et les universités manquent de lumière pour les cours du soir, et les équipements informatiques peinent à fonctionner correctement. Cette situation affecte non seulement la qualité des services publics, mais aussi la formation de la main-d’œuvre nationale.

Le gouvernement tchadien a lancé ces dernières années plusieurs initiatives visant à améliorer l’accès à l’électricité, notamment la construction de centrales solaires, la réhabilitation du réseau existant et l’extension des lignes de distribution. Le pays bénéficie d’un potentiel solaire exceptionnel, avec un ensoleillement supérieur à 300 jours par an, ce qui en fait un candidat idéal pour le développement des énergies renouvelables. Toutefois, ces projets avancent lentement en raison de difficultés financières, de cadres institutionnels encore fragiles et d’un manque d’investissements privés.

Le défi énergétique ne se limite pas à une question d’infrastructure ; il touche également à la gouvernance du secteur. La gestion et la maintenance du réseau, la transparence des marchés, les retards de paiement ou encore la faible capacité de production nationale sont autant d’éléments qui ralentissent les progrès. Sans une réforme profonde, le pays continuera de dépendre des solutions temporaires et coûteuses, au détriment d’un développement durable.

L’amélioration de l’accès à l’électricité représente pourtant une opportunité majeure pour le Tchad. Le renforcement du secteur énergétique permettrait de stimuler l’emploi, de soutenir la transformation des produits agricoles, de moderniser les services publics, de favoriser l’innovation technologique et d’attirer davantage d’investissements étrangers.

Dans un monde de plus en plus connecté, l’électricité n’est plus un simple service, mais un élément fondamental de la compétitivité et du développement humain. Pour le Tchad, relever ce défi est essentiel afin de poser les bases d’une croissance inclusive, durable et capable d’améliorer le quotidien des citoyens.

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