Dans un communiqué publié depuis Paris, la Conférence Internationale des Barreaux (CIB) s’est vivement inquiétée de la situation judiciaire de M. Succès Masra, ancien Premier ministre tchadien, incarcéré le 21 mai 2025 dans le cadre de la crise politique en cours au Tchad. L’organisation estime que les autorités tchadiennes violent les principes fondamentaux de l’État de droit en entravant l’accès de l’opposant à une défense librement choisie.
Des avocats français désignés, mais rejetés
Pour assurer sa défense, M. Succès Masra a sollicité deux avocats français reconnus : Me William Bourdon et Me Vincent Brengarth. Ces derniers devaient assister leurs confrères tchadiens, conformément aux dispositions du droit à un procès équitable. Cependant, le gouvernement tchadien, par la voix de son porte-parole M. Gassama Chérif Mahamat, a fermement rejeté leur venue, qualifiant cette démarche d’« ingérence dans les affaires intérieures du Tchad ».
Un rejet perçu comme une entrave au droit à la défense
Dans son communiqué en date du 26 mai, la CIB rappelle que cette intervention s’inscrit dans un cadre parfaitement légal, fondé notamment sur l’Accord judiciaire signé le 6 mars 1976 entre le Tchad et la France. Cet accord bilatéral autorise réciproquement les avocats des deux pays à exercer dans les juridictions de l’un et de l’autre. Le refus opposé par N’Djamena constitue donc, selon la CIB, une violation manifeste de cet accord, ainsi que des engagements internationaux librement souscrits par le Tchad.
Une justice indépendante mise en cause
Alors que le gouvernement tchadien se prévaut d’une justice indépendante, la CIB déplore des pratiques de plus en plus restrictives concernant le libre exercice du droit à la défense. « Le gouvernement tchadien viole les fondements de l’État de droit, en ce qu’il remet en cause le libre choix de l’avocat par la personne poursuivie », fustige le communiqué.
Soutien au barreau tchadien et appel à la mobilisation
La CIB exprime son soutien total au barreau de la République du Tchad, saluant le communiqué publié par le Bâtonnier Djérandi Laguerre-Dionro le 23 mai. Elle en appelle à une mobilisation des organisations internationales pour que les droits de la défense soient pleinement respectés.
En toile de fond, une tension politique persistante
Cette affaire survient dans un climat politique tendu, marqué par l’arrestation controversée de M. Masra et les réactions en chaîne qu’elle suscite. En refusant l’entrée sur son sol à des avocats étrangers, le Tchad envoie un signal préoccupant sur l’état de sa démocratie et de son système judiciaire.