Tchad : Grève des bus de transport en commun : N’Djaména paralysée par la pénurie de gazole

La capitale tchadienne tourne au ralenti depuis ce mercredi matin. En cause : une grève déclenchée par le syndicat des transporteurs urbains en réponse à la pénurie persistante de gazole. L’arrêt de travail, prévu pour deux jours, paralyse les activités économiques et accentue la pression sur une population déjà éprouvée par les difficultés quotidiennes de transport.

Des rues désertées, des marchés au ralenti

Habituellement bondés dès les premières heures du jour, les arrêts de bus de N’Djaména sont restés étrangement vides ce 28 mai. La circulation, d’ordinaire dense, a connu une baisse significative. Les bus de transport en commun, principal moyen de déplacement pour des milliers d’habitants, sont restés au dépôt. Dans plusieurs quartiers, des travailleurs ont dû marcher de longues distances pour se rendre à leur lieu d’activité, tandis que d’autres ont tout simplement renoncé.

Dans les marchés de Dembé, de Diguel ou encore de Chagoua, l’impact est immédiat : moins d’affluence, des commerçants absents ou en retard, et des livraisons bloquées. « Depuis ce matin, je n’ai vendu que trois sacs de charbon. Mes clients n’arrivent pas, ils sont bloqués chez eux », se lamente Mariam, vendeuse à Moursal.

Une pénurie qui s’éternise

Le déclencheur de cette grève est la pénurie de gazole, qui sévit depuis plusieurs semaines dans la capitale. Les stations-service sont souvent à sec, et lorsque le carburant est disponible, les files d’attente s’étendent sur des centaines de mètres. Les transporteurs dénoncent un manque de solutions concrètes de la part des autorités.

« Nous ne pouvons pas continuer à travailler à perte. Le peu de gazole disponible est vendu à prix d’or au marché noir. Nos recettes ne couvrent même plus les frais journaliers », explique Mahamat Saleh, porte-parole du Syndicat des transporteurs urbains. Il affirme que la grève, initialement prévue pour les 28 et 29 mai, pourrait être reconduite si aucune mesure d’urgence n’est prise.

Une économie en souffrance

Cette grève met en lumière la dépendance de l’économie urbaine tchadienne à un réseau de transport déjà fragile. N’Djaména, ville aux infrastructures limitées, repose majoritairement sur les bus et minibus pour la mobilité quotidienne de sa population active. Le blocage du transport affecte directement les petites entreprises, les administrations, les écoles et même les services de santé.

Dans les quartiers périphériques, la situation est encore plus critique. « Ma fille devait aller passer son examen ce matin. Elle n’a trouvé aucun moyen de transport. C’est injuste pour les élèves », déplore un père de famille à Gassi.

Appel à une réponse gouvernementale

Face à la montée du mécontentement, les regards se tournent vers les autorités. Le ministère de l’Énergie et celui des Transports n’ont pour l’instant émis aucun communiqué officiel. Toutefois, une source proche du gouvernement indique qu’un plan de réapprovisionnement d’urgence serait en cours d’élaboration.

En attendant, les habitants de N’Djaména devront s’armer de patience ou de courage pour affronter à pied les distances de la vie quotidienne. Une situation qui, au-delà de l’actualité, rappelle les défis structurels persistants du secteur énergétique et des transports au Tchad.

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