Une accusation grave pèse sur le commandant de la brigade de recherche de Dembo. Il est soupçonné d’avoir infligé des actes de torture à Bangro Koulba, l’un des trois hommes arrêtés dans le cadre des affrontements meurtriers entre éleveurs et agriculteurs survenus récemment dans le village de Boukinawa. Ces violences avaient causé la mort de deux personnes la semaine dernière.
À peine sorti de détention, ce samedi 10 mai, Bangro Koulba a livré un témoignage accablant sur les sévices qu’il affirme avoir subis durant sa garde à vue. Selon lui, le commandant aurait personnellement tenté de lui extorquer des aveux par la violence.
« C’est aux environs de 22 heures que j’ai été arrêté. Les gendarmes m’ont interpellé chez moi, jeté en prison, puis sont repartis. Plus tard dans la nuit, le commandant de la brigade de recherche est revenu. Il m’a menotté les mains et les pieds, puis m’a demandé où nous avions caché le cadavre de l’éleveur porté disparu. Je lui ai répondu que je ne savais rien. Il m’a alors entièrement déshabillé, a attaché mes testicules avec une lance et a commencé à frapper dessus avec un bout de bois. Il a tenté d’introduire ce bâton dans mon anus, mais j’ai réussi à bloquer avec ma main. Ensuite, il a pointé son pistolet sur mon front, a bâillonné ma bouche avec son turban, m’a couché au sol et s’est assis sur ma poitrine. Il m’a frappé à la tête avec son arme, me blessant, avant de me traîner au sol jusque dans une autre pièce. Après une pause, il est revenu me frapper au cou et au dos avec un bâton, toujours dans le but de me faire avouer. »
Contacté par FM Liberté, le commandant mis en cause a nié catégoriquement les faits, avant de raccrocher. Le préfet de la Moula, Mahamat Hassan Madou, a pour sa part déclaré n’avoir reçu aucun rapport officiel concernant ces allégations. Il a néanmoins affirmé qu’« aucune bavure ne sera tolérée » si les accusations sont confirmées.
Autre rebondissement de taille : la personne portée disparue, dont la disparition avait conduit à l’arrestation de Bangro Koulba, a finalement été retrouvée. Elle a été interceptée par les forces de l’ordre dans un ferik, à environ 7 kilomètres de Doro, aux alentours de Beboro.
L’affaire continue de susciter l’indignation à Dembo. Une enquête impartiale est désormais attendue pour faire la lumière sur les faits.