Trois organisations tchadiennes de défense des droits humains, la CADH, la Droit de l’Homme sans Frontière (DHSF) et l’AFDCPT ont conjointement élevé la voix contre des déclarations jugées graves et dangereuses du ministre de la Sécurité publique, tenues récemment à l’issue d’une mission dans la province du Ouaddaï. Dans un communiqué de presse conjoint, elles dénoncent une atteinte frontale aux principes fondamentaux des droits de l’Homme et à l’État de droit.
Au centre de la polémique : des propos du ministre ordonnant aux forces de défense et de sécurité de « tirer sur les présumés auteurs de violences » dans la province, à la suite d’événements tragiques ayant fait plusieurs morts, y compris des femmes et des enfants. Les organisations signataires estiment que ces propos violent clairement le principe de présomption d’innocence et encouragent des exécutions extrajudiciaires.
Plus grave encore, selon ces ONG, le ministre aurait ciblé certaines associations et partis politiques, les accusant de soutenir les auteurs de violences, menaçant ainsi toute initiative d’enquête indépendante sur des événements sensibles dans le pays. Les signataires rappellent que ce n’est pas la première fois que ce membre du gouvernement, ancien gouverneur du Moyen-Chari, menace ouvertement les défenseurs des droits humains.
Les organisations dénoncent ce qu’elles qualifient de remise en cause des engagements internationaux du Tchad, notamment en matière de respect des conventions contre la torture, des droits civils et politiques, et du droit à la vie. Elles appellent à l’annulation des nominations de personnalités impliquées dans des violations de droits humains, à la mise en place d’enquêtes indépendantes et à la démilitarisation de l’administration publique.
En conclusion, la CADH, la DHSF et l’AFDCPT appellent à la responsabilisation du ministre de la Sécurité publique, l’invitant à cesser les menaces et à se conformer aux normes nationales et internationales relatives à la protection des droits humains. Elles réitèrent leur engagement à défendre les victimes, même face aux intimidations d’un pouvoir qui semble confondre justice et vengeance.
Un signal fort à l’endroit d’un pouvoir souvent accusé de criminaliser l’action citoyenne.




