En réponse aux violences intercommunautaires ayant endeuillé la localité de Mandakao dans le Logone Occidental le 14 mai dernier, le Premier ministre tchadien, Ambassadeur Allah Maye Halina, a convoqué ce mardi une importante rencontre avec les leaders des communautés Peulh et Ngambaye. Cette réunion marque une étape décisive dans le processus de réconciliation entre les deux communautés historiquement liées, mais récemment déchirées par un conflit meurtrier.
Tenue à la Primature, cette séance de travail a rassemblé les acteurs clés de la paix, notamment les chefs traditionnels et communautaires, le député MBaïhomdenade Dionadji Alain chef de mission de paix ainsi que des membres du gouvernement, dont le ministre de la Communication et porte-parole Gassim Chérif Mahamat.
Un protocole d’accord désormais en vigueur
Quelques jours avant cette rencontre, le 5 juillet, les deux communautés avaient officiellement scellé un accord de réconciliation. Ce texte, fruit d’un long processus de médiation, a été remis solennellement au Premier ministre par le député Dionadji Alain. Dans une atmosphère empreinte d’émotion, le Chef du Gouvernement a salué cet engagement mutuel en soulignant la portée historique du geste :« Les leaders Peulhs et Ngambayes viennent d’écrire une page d’histoire. Que cet accord de paix soit écrit non sur le papier, mais dans le cœur de chacun », a-t-il déclaré.
Un comité d’éveil pour veiller à la paix
Dans la foulée de l’accord, un comité d’éveil mixte a été mis sur pied. Composé de représentants des deux communautés, ce comité aura pour mission de suivre la mise en œuvre effective du protocole et de prévenir toute résurgence des tensions. Il s’agit là d’un mécanisme inédit de surveillance citoyenne et communautaire que le gouvernement promet d’accompagner de manière étroite.
Une volonté politique affirmée
L’intervention du Premier ministre a été l’occasion de réaffirmer l’engagement de l’État à éradiquer les conflits intercommunautaires par des solutions structurelles. Allah Maye Halina a insisté sur la responsabilité partagée dans la préservation de la paix et sur la nécessité d’une approche collective :« Le Gouvernement mettra tout en œuvre pour éviter que de tels drames ne se reproduisent. C’est un devoir envers nos morts, mais surtout envers les générations à venir. »
Un nouveau souffle pour le vivre-ensemble ?
Les violences de Mandakao ont rappelé avec brutalité les fragilités persistantes du tissu social dans certaines régions du Tchad, où les conflits liés à l’accès aux ressources, au foncier ou à des différends identitaires restent fréquents. Mais cette dynamique de réconciliation, impulsée à la fois par les autorités locales et nationales, pourrait ouvrir la voie à une nouvelle culture du dialogue.
La suite dépendra de la capacité des acteurs à traduire cet accord en gestes concrets sur le terrain, à apaiser les mémoires blessées et à reconstruire la confiance, pierre après pierre.




