La crise humanitaire s’aggrave au Soudan, où la ville d’Al Dabba, située dans l’État du Nord, a accueilli plus de 57 000 personnes déplacées en provenance des régions du Darfour et du Kordofan. L’information a été confirmée par Kawthar Jaafar, commissaire de la Commission d’aide humanitaire soudanaise, citée par l’agence officielle SUNA.
Selon Jaafar, la majorité des déplacés fuient les attaques des Forces de soutien rapide (FSR), qui multiplient les offensives dans l’ouest et le centre du pays. Le déplacement massif vers le Nord s’est effectué dans des conditions particulièrement éprouvantes : nombre de familles ont parcouru des centaines de kilomètres dans la peur, la faim et la fatigue.
Blessures, fractures et malnutrition parmi les nouveaux arrivants
La commissaire souligne que parmi les personnes accueillies figurent des blessés, des personnes souffrant de fractures, ainsi que de nombreux enfants atteints de malnutrition sévère, conséquence directe de semaines d’errance et de violence.
Au total, 50 000 personnes déplacées viennent d’El-Fasher, capitale du Darfour-Nord. Parmi elles, 32 000 ont trouvé refuge à Al Dabba après la prise de contrôle de la ville par les FSR, le 26 octobre.
El-Fasher : massacres et enquêtes annoncées
Depuis la chute d’El-Fasher, plusieurs organisations locales et internationales dénoncent des massacres visant des civils et des actes pouvant s’apparenter à des crimes de guerre.Fait rare, le commandant des FSR, Mohamed Hamdan Dagalo, dit “Hemedti”, a reconnu le 29 octobre que ses forces avaient commis des « violations » dans la ville. Il a annoncé la mise en place de commissions d’enquête, sans que leur fonctionnement ni leur indépendance ne soient pour l’heure précisés.
Un conflit qui redessine la carte du territoire
La progression des FSR s’inscrit dans un conflit qui dure depuis avril 2023, opposant les milices paramilitaires à l’armée régulière. Les FSR contrôlent désormais cinq États du Darfour, à l’exception de quelques zones du Darfour-Nord, encore tenues par l’armée. Cette dernière conserve le contrôle de la majorité des 13 autres États, dont la capitale Khartoum.
Parallèlement, les États du Kordofan ont été le théâtre de violents affrontements ces dernières semaines, provoquant à leur tour des déplacements massifs de populations.
Un bilan humain catastrophique
D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le conflit a déjà causé la mort d’au moins 40 000 personnes et contraint près de 12 millions d’habitants à fuir leurs foyers, faisant du Soudan l’une des pires crises humanitaires actuelles.
À Al Dabba, les autorités humanitaires locales appellent à un soutien urgent pour répondre aux besoins en nourriture, en soins médicaux et en abris. Car derrière les chiffres, rappellent-elles, se trouvent surtout des familles brisées, déracinées et toujours en quête de sécurité.




