Dans de nombreuses sociétés africaines, les fiançailles marquent une étape cruciale entre deux amoureux. Elles symbolisent l’engagement mutuel et le début d’un chemin vers le mariage. Mais parfois, ce chemin semble interminable. Au Tchad comme ailleurs, certains couples restent fiancés des années durant, sans que le mariage ne se concrétise. Entre espoirs, pressions sociales et incertitudes, ces fiançailles à rallonge soulèvent de nombreuses questions.
Quand l’attente s’éternise
« Nous sommes fiancés depuis six ans », confie H., 33 ans, résidant à N’Djamena. « Au début, on disait que c’était le temps de se préparer financièrement. Aujourd’hui, je ne sais plus si on avance ou si on stagne. » Comme elle, de nombreuses femmes attendent, espérant que leur compagnon finira par fixer une date. Les raisons de cette attente sont multiples : difficultés économiques, études en cours, désaccords familiaux, voire indécision personnelle.
La pression sociale et familiale
Dans une société où le mariage est perçu comme une étape essentielle de la vie adulte, les fiançailles qui durent trop longtemps suscitent l’inquiétude. Les familles commencent à poser des questions, les amis s’impatientent, et les commérages s’installent. « Tout le monde me demande quand on va se marier, comme si c’était moi qui bloquais », déplore F., un jeune homme de 28 ans. « Mais la vérité, c’est que je veux être prêt pour offrir une vie décente à ma future femme. »
Entre promesse et incertitude
Les fiançailles, bien que symboliques, ne garantissent pas le mariage. Certains couples finissent par se séparer après des années d’attente, laissant derrière eux des blessures profondes. Pour beaucoup, cette période devient source de frustration et de doute : l’amour est-il toujours là ? L’autre est-il vraiment engagé ? « Parfois, on se sent comme en sursis », résume une jeune femme de Moundou.
Vers une meilleure communication
Pour éviter que les fiançailles ne deviennent un piège émotionnel, les experts en relations recommandent une communication claire dès le départ. Fixer des objectifs, discuter des délais, et être honnête sur ses intentions peut aider à éviter les malentendus. « Le problème, ce n’est pas que les fiançailles durent, c’est qu’elles durent sans direction », estime un sociologue tchadien.
Les fiançailles longues ne sont pas en elles-mêmes un échec. Elles peuvent refléter un désir de bien faire, de bâtir sur des bases solides. Mais lorsque la durée devient synonyme de flou, de doute ou de déséquilibre, il est peut-être temps de faire le point : attendre, oui, mais jusqu’à quand ?