Silence sur un enlèvement : le cas Robert Game, ou l’éclipse du droit au Tchad

Le Tchad a encore une fois démontré que l’arbitraire peut frapper à toute heure, sans sommation ni justification. Dans la nuit du 3 au 4 juin, Robert Game, Secrétaire Général du Parti Socialiste sans Frontières (PSF), a été « libéré » par des agents des services de renseignement, après avoir été enlevé plusieurs jours plus tôt. Aucune explication, aucun mandat, aucune présentation à un juge. Rien. Seulement le silence institutionnel, assourdissant.

Le Tchad a encore une fois démontré que l’arbitraire peut frapper à toute heure, sans sommation ni justification. Dans la nuit du 3 au 4 juin, Robert Game, Secrétaire Général du Parti Socialiste sans Frontières (PSF), a été « libéré » par des agents des services de renseignement, après avoir été enlevé plusieurs huit mois plus tôt. Aucune explication, aucun mandat, aucune présentation à un juge. Rien. Seulement le silence institutionnel, assourdissant.

Dans un bref communiqué, le PSF confirme la libération de son cadre politique, déposé comme un colis au seuil de son domicile, en pleine nuit. Aucun mot sur les circonstances de sa détention. Pas un soupçon de transparence. Pas même un mensonge pour tenter de justifier l’injustifiable.

L’affaire Robert Game révèle un mode opératoire devenu tristement banal : faire taire, intimider, neutraliser. Loin des projecteurs, des hommes politiques, des activistes ou de simples citoyens peuvent disparaître, puis réapparaître sans qu’aucune autorité ne rende compte. La loi devient une variable d’ajustement. L’opacité devient doctrine.

À l’heure où le Tchad prétend à un renouveau démocratique, ces pratiques rappellent que la verticalité autoritaire reste vivace. L’État se dispense de droit, mais exige la soumission. Il séquestre d’abord, interroge plus tard ou jamais. Dans ce climat, l’opinion publique est reléguée au rang de spectatrice résignée, privée d’explication, réduite au silence.

La question dépasse le sort de Robert Game. Elle interpelle tous les Tchadiens : quel citoyen est à l’abri lorsque le pouvoir agit sans contrôle, sans procédure, sans compte à rendre ? La démocratie ne peut se construire sur des pratiques clandestines et des enlèvements nocturnes. Elle exige la transparence, la justice, le respect des libertés.

Le PSF promet de « revenir dans les détails » via un communiqué. Soit. Mais le devoir de vérité ne repose pas que sur un parti. Il incombe à l’État. Et chaque jour où ce silence perdure, c’est un cran de plus dans la dérive sécuritaire, un coup porté à l’État de droit.

Robert Game est libre. Mais au fond, personne ne l’est vraiment dans un pays où l’on peut disparaître sans cause… et réapparaître sans explication.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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