Une réunion de haut niveau consacrée à la lutte contre la poliomyélite s’est tenue ce dimanche 21 septembre 2025, en marge de la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies, à New York. Plusieurs pays concernés par la persistance de cette maladie y ont pris part, notamment le Tchad, la République centrafricaine (RCA), la République démocratique du Congo (RDC), le Nigeria et le Pakistan.
Le ministre tchadien de la Santé publique et de la Prévention, Dr Abdelmadjid Abderahim, a été représenté par la directrice de la vaccination, de la lutte contre la maladie et de la surveillance épidémiologique, Dr Mbaïlamen Demian Antoinette. Dans son intervention, elle a transmis les remerciements du gouvernement tchadien aux partenaires techniques et financiers pour leur appui multiforme dans la lutte contre les maladies évitables par la vaccination, et plus particulièrement contre la poliomyélite.

Des progrès notables, mais des défis persistants
La représentante du ministre a rappelé qu’« depuis plus de deux décennies, grâce à l’engagement des plus hautes autorités, le Tchad a fait de l’éradication de la poliomyélite l’une de ses priorités ». Elle a souligné les avancées significatives enregistrées, citant l’absence de cas de poliovirus sauvage depuis le 14 juin 2012 et la certification du Tchad comme pays libéré de la poliomyélite en 2016 par la commission régionale compétente.
Cependant, des difficultés demeurent. Le pays est confronté à la résurgence de poliovirus variants de type 2 et 3. Selon Dr Mbaïlamen, cela s’explique par la faible performance de la vaccination de routine mise en évidence par l’enquête de couverture vaccinale 2023-2024, la qualité insuffisante de certaines campagnes, les difficultés de synchronisation des activités transfrontalières, ainsi que la complexité des campagnes supplémentaires.
Opportunités et menaces
Elle a toutefois mis en avant plusieurs opportunités : le plan quinquennal du président de la République, Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno, qui place la santé au rang des priorités, l’appui constant des partenaires techniques et financiers, l’existence de ressources dédiées au fonds de lutte contre les pandémies, ainsi que la coordination régionale des pays du bassin du Lac-Tchad.
Parallèlement, elle a évoqué des menaces persistantes, notamment l’afflux de réfugiés, de déplacés et de retournés dont le statut vaccinal reste incertain.
Perspectives
Pour renforcer les acquis, la directrice de la vaccination a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre des campagnes de qualité avec des financements disponibles à temps, de consolider la vaccination de routine et les activités intercampagnes, de renforcer les partenariats avec les leaders communautaires, religieux et traditionnels, et d’améliorer la surveillance épidémiologique grâce à des ressources suffisantes.
Un appel commun à la solidarité
Les autres pays présents, notamment le Pakistan, le Nigeria, la RDC et la RCA, ont exposé les défis de leurs systèmes de vaccination : difficultés d’accès dans certaines zones, besoin de digitalisation des dispositifs, financement d’urgence, logistique et infrastructures sanitaires, particulièrement dans les régions affectées par des conflits. Tous ont plaidé pour une solidarité accrue, une meilleure disponibilité des vaccins et un soutien international renforcé.
Les échanges se sont également concentrés sur les préoccupations des pays du bassin du Lac-Tchad et de la Corne de l’Afrique. Les participants ont mis en avant l’importance du leadership politique, de l’implication des partenaires et de l’association régulière des responsables déconcentrés afin de favoriser l’adhésion des communautés.
Au terme des discussions, les intervenants ont réaffirmé leur détermination commune à renforcer le partenariat international pour mettre fin, une fois pour toutes, à la poliomyélite.