Le Syndicat des Médecins du Tchad (SYMET) lance une alerte grave sur la multiplication de centres de formation clandestins et de pratiques médicales frauduleuses, mettant en danger la vie des citoyens. Dans une déclaration officielle rendue publique ce jour, le président du syndicat, le Dr Moussa Kalli, dénonce une « fabrication en série » de faux professionnels de santé au sein d’établissements privés opérant hors de tout cadre légal.
Selon le SYMET, ces centres illégaux proposent des formations dites express parfois bouclées en 45 jours, à des jeunes en quête de qualification, sans aucun respect des normes académiques et réglementaires encadrant les professions de santé. « Ces usines à diplômes ou attestations frauduleuses sont une menace directe pour la sécurité sanitaire des Tchadiens », déclare Dr Kalli, pointant du doigt des formations illusoires pour des métiers aussi sensibles qu’infirmier, sage-femme ou technicien de laboratoire.
Quand la précarité devient un marché
Le syndicat s’inquiète d’une exploitation commerciale de la misère sociale, où la détresse des jeunes à la recherche d’un avenir est cyniquement utilisée pour leur vendre des certificats sans valeur. Une dérive qui ne reste pas sans conséquences : dans les hôpitaux, dans les centres de santé ou à domicile, ces « soignants » improvisés risquent de poser des gestes médicaux inappropriés, voire mortels.
Le rôle délétère des réseaux sociaux
Autre front de cette bataille : les réseaux sociaux, notamment TikTok et Facebook, sont devenus, selon le SYMET, de véritables caisses de résonance pour la désinformation médicale. Des individus sans aucune légitimité scientifique y prodiguent conseils et remèdes miracles, souvent affublés de blouses blanches pour tromper l’opinion publique. « On ne devient pas professionnel de santé sur TikTook après un stage de 6 semaines », ironise le syndicat, tout en appelant à une vigilance accrue face à ces imposteurs qui, dans certains cas, usurpent carrément le titre de médecin.
Appel à l’action des autorités
Face à cette situation jugée alarmante, le SYMET appelle le Ministère de la Santé Publique à ordonner la fermeture immédiate de ces centres illégaux. Il demande également à l’Ordre des Professionnels de la Santé de publier sans délai une liste officielle des praticiens agréés et de renforcer les contrôles sur l’ensemble du territoire.
Une mobilisation pour l’éthique et la sécurité
Le Dr Kalli réaffirme l’engagement de son organisation pour une médecine « professionnelle, éthique et sécurisée », dénonçant toute tentative de banalisation de la santé publique.
« La santé n’a pas de prix, mais elle a des règles », martèle-t-il, appelant à une prise de conscience collective face à cette dérive inquiétante.
Vers une riposte collective
Au-delà de l’indignation, le SYMET invite la population à jouer un rôle actif dans la lutte contre ce phénomène. Il exhorte les citoyens à ne pas accorder de crédit aux conseils médicaux diffusés par des personnes non reconnues officiellement, et à vérifier systématiquement les qualifications des prestataires de soins, même lorsqu’ils opèrent dans des structures apparemment professionnelles.
Cette dénonciation publique sonne comme un signal d’alarme. Car dans un contexte où la confiance envers le système de santé est déjà fragilisée, l’irruption de pseudo-thérapeutes et formateurs fantômes menace de saper davantage les efforts déployés pour garantir des soins sûrs et de qualité au Tchad.
Une crise révélatrice des failles du système
Ce cri d’alerte met aussi en lumière des failles structurelles : encadrement insuffisant du secteur privé, absence de contrôle rigoureux sur les établissements de formation, et manque de sensibilisation du grand public aux dangers de la désinformation médicale. Pour le SYMET, cette crise est l’occasion de repenser la régulation du secteur de la santé, en associant autorités publiques, ordres professionnels et société civile.
En attendant une réaction concrète des pouvoirs publics, le syndicat reste mobilisé. « Nous défendrons avec fermeté une médecine digne et accessible à tous », conclut Dr Moussa Kalli, rappelant que la protection de la santé des populations doit rester une priorité nationale.