Sahel : une arme sur cinq utilisée par les djihadistes provient des armées nationales

Une étude récente de l’organisation britannique Conflict Armament Research (CAR) met en lumière une réalité préoccupante dans la lutte contre le terrorisme au Sahel : près de 20 % des armes utilisées par les groupes djihadistes proviendraient directement des stocks des armées régulières de la région.

Cette conclusion repose sur une enquête de terrain approfondie menée dans plusieurs pays sahéliens, où les équipes de CAR ont documenté l’origine des armements récupérés après des affrontements. Selon le rapport, ces armes ont été capturées lors de raids menés par des groupes armés contre des positions militaires nationales, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger.

« Les groupes terroristes ne dépendent pas uniquement du trafic international. Ils s’approvisionnent également directement sur le terrain, en ciblant les bases mal sécurisées des forces nationales », explique James Bevan, directeur exécutif de CAR.

L’étude met en évidence un double problème : la vulnérabilité des forces armées locales face aux assauts djihadistes, et la faiblesse des dispositifs de sécurisation des arsenaux militaires. Dans certains cas, des armements lourds, dont des mitrailleuses et des lance-roquettes, ont été réutilisés par les groupes terroristes peu de temps après leur capture.

Cette situation complique davantage les efforts de stabilisation dans une région où les armées peinent déjà à contenir l’expansion des groupes extrémistes. Elle pose aussi la question de la formation et de l’équipement des soldats sahéliens, régulièrement confrontés à des attaques bien coordonnées.

Pour les analystes, renforcer la sécurisation des stocks militaires et améliorer la capacité de défense des forces régulières sont devenus des impératifs stratégiques. « Il ne suffit pas d’armer les armées locales. Il faut s’assurer que ces armes ne finissent pas entre de mauvaises mains », avertit un expert en sécurité régionale basé à Niamey.

Alors que l’insécurité continue de s’étendre vers le Golfe de Guinée, ce rapport jette une lumière crue sur les failles internes qui nourrissent indirectement la violence armée au Sahel.

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