La République démocratique du Congo ne cache pas sa satisfaction après l’annonce du retrait du Rwanda de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Une décision accueillie comme un tournant politique majeur dans les relations régionales, et saluée par le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, dans une déclaration ferme et sans détour.
« L’on ne peut pas continuellement et volontairement violer les principes qui fondent nos institutions régionales et prétendre vouloir les présider », a-t-il déclaré ce week-end, estimant que ce départ de Kigali de l’organisation régionale marque une prise de conscience collective face aux agissements du régime rwandais.
Depuis plusieurs années, Kinshasa accuse Kigali de soutenir activement les rebelles du M23, responsables d’exactions dans l’est de la RDC. Malgré les nombreux appels à la désescalade, les tensions diplomatiques entre les deux voisins se sont accentuées, au point de remettre en cause l’unité au sein des blocs régionaux africains.
Une décision qui fait école ?
Pour Patrick Muyaya, la réaction de la CEEAC pourrait bien ouvrir une nouvelle ère dans les relations interétatiques en Afrique centrale. « Cette réaction inédite de la CEEAC devrait inspirer les autres organisations régionales pour adopter une posture plus ferme contre le Rwanda », a-t-il lancé. Une manière de critiquer la passivité, voire la complaisance, de certaines institutions africaines face aux crises qui minent la région.
Le porte-parole dénonce également les « narratifs mensongers » et les « actions souterraines de lobbying » orchestrés, selon lui, par Kigali pour masquer « les horreurs de l’agression rwandaise » sur le territoire congolais. Des propos qui illustrent la détermination de Kinshasa à continuer à défendre sa souveraineté sur le plan diplomatique, tout en appelant à la solidarité régionale et continentale.
Une rhétorique de résistance
Clôturant son intervention sur un ton résolument patriotique, Patrick Muyaya a repris des slogans populaires mobilisateurs : « Congolais télema ! », « Tout pour la patrie ! », « Bendele ekweya te ! », réaffirmant ainsi la résilience du peuple congolais face à ce qu’il qualifie d’« agression extérieure ».
Alors que les regards se tournent désormais vers la Conférence des chefs d’État de la CEEAC, les positions se cristallisent autour de la place du Rwanda au sein des institutions régionales. La RDC, pour sa part, semble déterminée à faire entendre sa voix et à réclamer davantage de cohérence et de responsabilité dans les processus d’intégration et de coopération africaines.
