À la veille d’un possible tournant diplomatique majeur entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, le président congolais Félix Tshisekedi s’est livré à une interview exclusive à Kinshasa, accordée à la journaliste Hariana Verás Victória, correspondante permanente à la Maison Blanche pour l’Afrique. Une prise de parole forte, marquée par l’espoir d’une paix durable après des décennies de guerre, et un hommage inattendu au président américain Donald Trump.
« Si cette guerre injuste prend fin grâce à lui, alors oui, il mériterait le prix Nobel de la paix », a déclaré Félix Tshisekedi, à propos de Donald Trump, devenu acteur central dans la médiation entre Kinshasa et Kigali. Une déclaration choc qui souligne l’ampleur des attentes placées dans l’accord de paix en cours de négociation, dont la signature par les chefs de diplomatie des deux pays est prévue à Washington ce vendredi 27 juin.
Le chef de l’État congolais a rappelé que ce conflit, enraciné depuis près de trois décennies dans l’Est de la RDC, a coûté la vie à des millions de personnes. Pour Tshisekedi, la démarche actuelle ne repose pas sur la magie, mais sur une « prise de conscience américaine » des conséquences d’un conflit trop longtemps ignoré. Il pointe la responsabilité indirecte de Washington dans la situation actuelle, évoquant le soutien occidental au régime rwandais post-génocide, qui aurait, selon lui, contribué à aggraver l’instabilité dans la région.
Mais au-delà du volet militaire, Tshisekedi insiste sur la dimension économique du conflit : « Si nous ne traitons pas les causes profondes, le cycle reprendra. » Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, il dit avoir œuvré pour une nouvelle dynamique régionale avec ses voisins le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi proposant de remplacer les tensions frontalières par des partenariats économiques. Des efforts restés vains avec Kigali, accusé par Kinshasa d’avoir relancé les hostilités en 2022.
Malgré ces tensions, les signaux sont désormais au dialogue. Un accord de principe aurait été trouvé, selon Tshisekedi, et les conditions seraient réunies pour avancer vers une désescalade. Il reste cependant prudent : tout dépendra de l’évolution sur le terrain et du calendrier diplomatique américain.
Ce qui semblait encore improbable il y a quelques mois prend donc forme. Et si Donald Trump parvient à conclure cette médiation, le soutien symbolique de Félix Tshisekedi à une candidature au Nobel de la paix marquerait un revirement géopolitique aussi inattendu que révélateur de l’urgence d’une paix durable dans la région des Grands Lacs.