En République démocratique du Congo, les médias nationaux n’ont désormais plus le droit de parler de l’ancien président Joseph Kabila ni de son parti, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). L’annonce a été faite mardi 3 juin par le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), Christian Bosembe, lors de son passage sur la chaîne privée Top Congo FM.
Selon Christian Bosembe, cette interdiction s’applique à toute diffusion, commentaire ou couverture médiatique liée au PPRD ainsi qu’à toute déclaration de son leader, Joseph Kabila. « Ce n’est pas une censure. Aucun droit n’a été violé. Il ne faut pas faire de la télévision une tribune de subversion », a-t-il déclaré, évoquant une mesure conservatoire décidée par le bureau du CSAC.
Cette décision intervient dans un contexte politique tendu, quelques jours après la levée des immunités parlementaires de l’ancien chef de l’État par le Sénat, le 22 mai dernier. Cette levée d’immunité fait suite à un rapport de la commission spéciale parlementaire, qui a examiné le réquisitoire de l’Auditeur général près la Haute Cour militaire.
Joseph Kabila, qui a dirigé la RDC de 2001 à 2019, est désormais exposé à des poursuites judiciaires. Il est accusé par la justice militaire de crimes de guerre et de complicité avec la rébellion de l’AFC/M23, un groupe armé soutenu par le Rwanda, selon les autorités congolaises.
La décision du CSAC suscite déjà de vives réactions au sein de la société civile et dans les milieux médiatiques. Des voix s’élèvent pour dénoncer une atteinte grave à la liberté de la presse et à l’information du public. Des juristes et défenseurs des droits humains s’interrogent également sur la légalité d’une telle mesure, prise sans décision de justice ni débat public.
Pour l’heure, le PPRD n’a pas officiellement réagi à cette interdiction. Mais dans les rédactions congolaises, la consigne est claire : Joseph Kabila et son parti sont devenus des sujets tabous. Une situation qui rappelle, pour certains observateurs, les pratiques des régimes autoritaires, loin des idéaux démocratiques que le pays prétend défendre.