RDC : Le M23 menace de boycotter les négociations de paix à Doha en raison du non-respect de la libération des prisonniers

À moins de deux semaines de la reprise des pourparlers de paix prévue à Doha le 8 août, le climat autour du processus diplomatique en République démocratique du Congo (RDC) se tend de nouveau. Le Mouvement du 23 mars (M23), groupe rebelle actif dans l’est du pays, a lancé une mise en garde claire : il pourrait boycotter les discussions si Kinshasa ne respecte pas l’une des principales clauses de l’accord de principe récemment signé — la libération de ses prisonniers.

« Que ferons-nous à Doha si nos prisonniers ne sont pas libérés ? La déclaration stipule que cette clause doit être respectée avant de passer à l’étape suivante », a déclaré Benjamin Mbonimpa, secrétaire permanent du M23, dans une déclaration ferme relayée ce week-end. Pour le mouvement rebelle, cette lenteur du gouvernement congolais à appliquer les engagements pris est une provocation qui compromet la crédibilité même du processus.

Signée sous médiation qatarie, la déclaration de principes visait à ouvrir une nouvelle phase de désescalade après des mois de violences dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Elle prévoyait notamment un cessez-le-feu immédiat, la levée des obstacles humanitaires et la libération des prisonniers politiques et militaires du M23. Mais sur le terrain, la situation reste explosive.

La trêve, bien que proclamée, a volé en éclats. Des affrontements violents continuent d’opposer les rebelles du M23 aux groupes d’autodéfense Wazalendo, soutenus par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Chaque camp accuse l’autre de provocations et de violations du cessez-le-feu. Dans plusieurs localités du Nord-Kivu, les combats se sont intensifiés ces derniers jours, aggravant une situation humanitaire déjà critique.

Pour Kinshasa, la prudence semble de mise concernant la libération des prisonniers du M23. Certains responsables congolais, sous couvert d’anonymat, évoquent la nécessité de garanties sécuritaires avant de procéder à une telle mesure, craignant un retour de ces combattants sur les lignes de front. Une position qui accentue la méfiance du M23 et pourrait faire capoter les espoirs d’un retour à la table des négociations.

La communauté internationale, notamment le Qatar en tant que médiateur, suit de près cette évolution. Des efforts diplomatiques sont en cours pour convaincre les parties de maintenir le dialogue malgré les tensions persistantes. Mais sans gestes concrets de part et d’autre, le spectre d’un nouvel enlisement du processus de paix plane sur cette région des Grands Lacs.

Alors que des milliers de civils continuent de fuir les violences, la menace de boycott du M23 ajoute une nouvelle incertitude à un processus déjà fragile. Le rendez-vous de Doha, censé relancer les discussions en profondeur, pourrait se transformer en une impasse si la question des prisonniers n’est pas rapidement réglée.

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