Le célèbre médecin et militant des droits humains, le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018, a vivement critiqué l’accord de paix signé récemment entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda. Dans une déclaration ferme, il accuse le gouvernement congolais de légitimer « l’occupation par une armée impliquée dans des massacres et des viols », en référence aux accusations récurrentes visant l’armée rwandaise dans l’est du pays.
Alors que cet accord, signé à Washington sous l’égide des États-Unis, est salué par de nombreux chefs d’État africains comme un tournant pour la stabilité régionale, Mukwege alerte sur ses conséquences pour l’intégrité territoriale et les ressources du Congo. « Il ne s’agit pas d’un compromis de paix, mais d’un marché de cogestion des richesses congolaises au profit du Rwanda. Nos ressources seront bradées, notre souveraineté piétinée », a-t-il dénoncé.
L’accord prévoit notamment une coopération bilatérale renforcée dans les zones minières et une collaboration sécuritaire dans l’est de la RDC, régions encore marquées par la présence de groupes armés et de tensions transfrontalières. Pour Mukwege, cette démarche « efface le devoir de justice et de mémoire », alors que des milliers de victimes attendent réparation et vérité.Dans un appel à la mobilisation, il exhorte les Congolais à « une prise de conscience nationale » et interpelle les autorités sur leur responsabilité devant l’histoire. En réponse, le porte-parole du gouvernement a appelé la population à éviter les interprétations erronées et à « s’informer de manière responsable » afin de ne pas tomber dans la désinformation.
Ce désaccord met en lumière les fractures internes sur la manière d’aborder la paix dans la région des Grands Lacs, entre recherche de stabilité géopolitique et défense de la souveraineté nationale. Alors que les partisans de l’accord y voient une opportunité de tourner la page du conflit, ses détracteurs redoutent un recul démocratique et économique au profit d’intérêts étrangers.