RD Congo : Martin Fayulu tend la main à Félix Tshisekedi pour « un camp de la patrie »

C’est une image que peu d’observateurs politiques congolais auraient anticipée il y a encore quelques mois : Martin Fayulu, figure de proue de l’opposition radicale, reçu officiellement au Palais de la Nation par le président Félix Tshisekedi. Une rencontre inédite, chargée de symboles et porteuse de possibles recompositions politiques.

À l’initiative de Fayulu lui-même, cette entrevue a eu lieu jeudi après-midi dans le bureau officiel du chef de l’État. L’ancien candidat à la présidentielle de 2023, longtemps irréductible dans son opposition à Tshisekedi, s’est présenté au Palais entouré de ses plus proches collaborateurs, dont Devos Kitoko et l’artiste engagé Lexxus Legal. À son arrivée, un climat visiblement détendu et cordial a marqué les retrouvailles entre les deux hommes, qui ne s’étaient plus parlé depuis la rupture de leur alliance post-Genève en 2018.

Durant près de deux heures d’échanges à huis clos, l’opposant a plaidé pour un « sursaut national ». Constatant une « situation de crise généralisée » sociale, politique et sécuritaire Martin Fayulu a exhorté le président à dépasser les clivages partisans pour rassembler les forces vives du pays autour d’un projet commun : « un camp de la patrie ».

« Il n’y a pas 36 solutions. Nous devons créer un camp de la patrie. Ce que le pays exige, c’est une cohésion nationale fondée sur un pacte social », a-t-il déclaré à la sortie de l’audience.

Dans cette optique, il a encouragé Félix Tshisekedi à s’impliquer personnellement dans l’initiative portée par la CENCO et l’ECC, deux puissantes structures religieuses qui appellent à un dialogue inclusif autour de l’avenir de la nation. Selon Fayulu, le chef de l’État se serait montré réceptif et aurait promis de donner suite rapidement à cette sollicitation.

Toutefois, aucune discussion n’aurait eu lieu autour d’une éventuelle participation de l’opposant ou de ses proches aux institutions en place. Un point que Fayulu a tenu à clarifier, sans pour autant fermer la porte à une dynamique nouvelle.

Cette rencontre marque un tournant, sinon dans la politique congolaise, du moins dans la trajectoire de deux figures longtemps perçues comme irréconciliables. La possibilité d’un tandem Fayulu-Tshisekedi reste incertaine, mais le geste posé ouvre la voie à un climat politique apaisé, à un moment où la République démocratique du Congo fait face à des défis majeurs sur tous les fronts.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
Articles: 2460

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *