Dans une décision jugée historique, la Fédération Centrafricaine de Football (FCF) a prononcé, lors de son assemblée générale ordinaire tenue le 31 mai à Bangui, la radiation à vie de deux de ses membres pour des faits d’abus, d’exploitation et de harcèlement sexuels. Sont concernés l’entraîneur Etienne Momokoamas Koppo et l’arbitre internationale Marie Service.
Les accusations remontent à 2023, lorsqu’un groupe de victimes, protégées par l’anonymat, a saisi la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) pour dénoncer des actes répétés de violences sexuelles perpétrés au sein des structures sportives nationales. Ces signalements ont conduit à l’ouverture d’une enquête internationale, en étroite collaboration avec la FCF.
Selon le président de la fédération, Célestin Yanindi, cette sanction s’inscrit dans une dynamique de « tolérance zéro » face aux abus sexuels dans le football centrafricain. « Il était impératif d’assainir l’environnement footballistique pour garantir un espace sûr et respectueux à toutes les catégories de joueurs, surtout les plus jeunes », a-t-il déclaré lors de la clôture de l’assemblée, tenue dans la salle Kaimba Blasco à Gbangouma.
Dans un pays où les institutions sportives peinent encore à se doter de mécanismes solides de protection des acteurs vulnérables, cette décision fait figure de précédent. Elle traduit, selon plusieurs observateurs, une volonté nouvelle de mettre fin à l’impunité qui a longtemps couvert certains abus dans le monde sportif.
Des voix s’élèvent néanmoins pour rappeler que cette mesure, aussi salutaire soit-elle, ne saurait suffire. L’absence de dispositif national d’accompagnement psychologique des victimes et de cadre légal spécifique contre les violences sexuelles en milieu sportif reste un problème majeur.
« La radiation de deux individus ne met pas fin à un système », déclare une militante des droits des femmes, jointe par téléphone. « Il faut aller plus loin : instaurer des politiques internes de prévention, former les encadreurs, et surtout créer un environnement où les victimes peuvent parler sans crainte de représailles. »
Avec cette action, la FCF pose un jalon important dans la lutte contre les violences sexuelles, mais le chantier reste vaste. À l’heure où le sport est perçu comme un levier d’émancipation et de cohésion sociale, garantir l’intégrité physique et morale de celles et ceux qui le pratiquent devient une exigence éthique incontournable.