Dans une déclaration aussi incisive que stratégique, Ousmane Sonko, président du parti PASTEF–Les Patriotes, est revenu ce mercredi sur la décision rendue par le Conseil constitutionnel relative à la loi interprétative portée par son groupe parlementaire. L’ancien opposant devenu figure majeure du paysage politique sénégalais dénonce une tentative de récupération politicienne par une « opposition résiduelle » qu’il accuse de travestir le sens de cette décision juridique.
Une décision qui, selon Sonko, valide les objectifs de la loi
Dans le collimateur de cette sortie : ceux qui, selon lui, s’empressent d’interpréter la décision du Conseil comme un désaveu pour PASTEF. Pourtant, à en croire Ousmane Sonko, ladite décision valide au contraire les deux axes majeurs de la loi proposée : l’exclusion formelle des crimes de sang et de torture du champ d’amnistie, et le maintien de l’amnistie pour les délits en lien avec les manifestations politiques.
« Le Conseil constitutionnel a simplement considéré superflue notre précision, car la loi initiale excluait déjà d’office les infractions graves », explique Sonko en s’appuyant sur les considérants 31 et 32 du texte rendu par les sages.
Une victoire juridique et politique assumée
Pour Sonko, la décision du Conseil constitutionnel « ferme définitivement toute possibilité de recours contre l’amnistie de tous autres faits se rapportant à des manifestations politiques », renforçant ainsi, selon lui, la légitimité de la démarche du groupe parlementaire PASTEF. Il enfonce le clou en évoquant l’ordonnance de non-lieu rendue en janvier 2025 par le doyen des juges d’instruction, acte judiciaire marquant l’extinction des poursuites contre lui et Bassirou Diomaye Faye en vertu de la loi d’amnistie.
Une pique acérée à l’opposition
La charge politique est aussi virulente que la défense juridique. Qualifiant ses détracteurs d’« opposition haineuse » et « indigente », Sonko fustige une volonté de diaboliser les manifestations populaires en les assimilant à des crimes odieux. « Tout ça, pour assouvir le dessein cynique de vouloir renvoyer des milliers de patriotes dans des geôles où ils ont tant souffert déjà », martèle-t-il.
Avec une formule à la fois imagée et provocante, Sonko clôt sa déclaration en ces termes : « Demain au réveil, au lieu de voir la lune que je leur montre, ils vont disserter sur mon doigt qui le leur désigne. »
Une stratégie de réaffirmation politique
En s’exprimant sur ce dossier brûlant, Ousmane Sonko ne se contente pas de défendre une proposition législative. Il réaffirme sa place dans le débat politique national, répond aux critiques avec vigueur et tente de retourner l’interprétation juridique en levier de légitimation pour lui-même et ses alliés.
Cette sortie marque une nouvelle étape dans la recomposition politique sénégalaise post-amnistie, où chaque camp tente de reprendre la main sur le récit national. Une bataille qui, à en croire Sonko, ne se jouera pas seulement dans les prétoires, mais aussi dans les cœurs et les consciences citoyennes.