Le paysage politique ougandais s’apprête à vivre un nouveau chapitre de son histoire, marqué, une fois de plus, par la figure incontournable de Yoweri Museveni. Âgé de 80 ans et à la tête du pays depuis près de quatre décennies, le président Museveni a confirmé, via son parti, le Mouvement de résistance nationale (NRM), son intention de briguer un septième mandat lors des élections prévues en janvier 2026. Cette annonce, si elle était confirmée à l’époque, n’aurait pas été une surprise pour les observateurs de la scène politique ougandaise, mais elle soulève néanmoins des questions cruciales sur l’avenir du pays.
Depuis son arrivée au pouvoir en 1986, Museveni a présidé à une période de stabilité relative après des décennies de turbulences. Son règne est crédité d’avoir apporté une certaine paix et un développement économique, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Cependant, au fil des ans, les critiques se sont faites de plus en plus vives, pointant du doigt la concentration du pouvoir, les allégations de répression de l’opposition et les entraves à la liberté d’expression.
La décision de se représenter à un âge aussi avancé intervient après des amendements constitutionnels controversés qui ont supprimé les limites d’âge pour la présidence, lui ouvrant ainsi la voie à une candidature illimitée. Cette manœuvre avait déjà soulevé des inquiétudes quant à la transition démocratique et la pérennité des institutions.
Alors que l’Ouganda approche de ce nouveau scrutin, la question de la succession de Museveni reste omniprésente. L’absence d’un dauphin clair et la marginalisation de l’opposition officielle nourrissent l’incertitude quant à l’après-Museveni. La jeunesse ougandaise, de plus en plus nombreuse et connectée, aspire à un changement et à de nouvelles perspectives, comme en témoignent les mouvements de contestation des dernières années.
La candidature de Museveni en 2026, si elle était effective, rappellerait la tendance des « présidents à vie » en Afrique, où de nombreux dirigeants s’accrochent au pouvoir bien au-delà de l’espérance de vie moyenne de leurs citoyens. Elle soulèverait également des interrogations sur la vitalité de la démocratie ougandaise et sa capacité à organiser des élections libres et équitables, dans un contexte où le NRM domine largement le paysage politique et où l’opposition se plaint régulièrement de harcèlement et d’intimidation.
Les prochains mois seraient sans doute cruciaux pour l’Ouganda. Entre la perspective d’une continuité incarnée par un président octogénaire et l’aspiration d’une population à un renouveau, le pays se trouverait à un carrefour de son histoire, avec des enjeux majeurs pour sa stabilité, sa démocratie et son développement futur.




