À l’approche du deuxième anniversaire du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), un mouvement citoyen nigérien entend faire entendre sa voix dans les rues de Niamey. Dans une correspondance datée du lundi 21 juillet 2025, le Mouvement Indépendant pour un Niger Nouveau dans la Justice et l’Égalité (MINNJE-Ir Laabo-Kassar Mucé) a notifié officiellement aux autorités municipales son intention d’organiser une manifestation pacifique le 27 juillet prochain.
Selon le document adressé à l’Administrateur délégué de la Ville de Niamey, le MINNJE prévoit une marche suivie d’un meeting populaire dans la capitale. À travers cette mobilisation, les organisateurs entendent réclamer plusieurs revendications majeures : le rétablissement de la justice, la garantie de la sécurité pour tous les citoyens, et surtout, la libération de l’ancien président Mohamed Bazoum, détenu depuis le coup d’État du 26 juillet 2023.
Cette annonce intervient dans un contexte sociopolitique particulièrement tendu. Le CNSP, au pouvoir depuis deux ans, célèbre actuellement son maintien à la tête du pays. Toute action jugée hostile au régime militaire est généralement mal perçue, et les autorités n’hésitent pas à interdire ou à réprimer les rassemblements jugés « subversifs ». Dès lors, il est peu probable que la manifestation prévue par le MINNJE obtienne une autorisation, à moins d’un changement inattendu dans la posture du pouvoir.
Le mouvement, dont le nom en langue zarma signifie littéralement « Éveillons-nous pour défendre la vérité et la justice », entend incarner une force de proposition et de contestation pacifique. Pour ses initiateurs, il ne s’agit pas d’un acte de provocation mais d’un appel au dialogue démocratique. « Ce que nous voulons, c’est la justice pour tous les Nigériens, la paix et la libération d’un président légitime. Bazoum n’a pas été jugé, il est détenu arbitrairement depuis deux ans. Cela ne peut plus durer », a confié sous anonymat un membre actif du mouvement.
Cependant, dans un pays sous régime militaire, toute expression d’opposition publique reste risquée. Les précédents sont nombreux où des manifestations ont été violemment dispersées, souvent sous couvert de préserver l’ordre public ou de faire face à la menace terroriste. Ce climat de répression rend l’avenir du MINNJE incertain.
La question que beaucoup se posent est donc légitime : le MINNJE fera-t-il long feu ? À cette interrogation, certains analystes répondent avec prudence. Le politologue Harouna Issoufou estime que « tant que le mouvement parvient à mobiliser dans la légalité, avec un message clair et non-violent, il peut se maintenir dans l’espace public. Mais tout dépendra de la réaction du pouvoir face à cette première tentative de démonstration de force ».
Pour l’heure, les autorités municipales n’ont pas encore officiellement répondu à la déclaration du MINNJE. Mais à une semaine de la date prévue pour la marche, le suspense reste entier. D’un côté, une population divisée entre partisans du régime militaire et défenseurs de l’ordre constitutionnel ; de l’autre, un groupe de citoyens décidés à réclamer justice et équité, dans un climat marqué par l’insécurité et la défiance politique.
Le 27 juillet prochain, les rues de Niamey diront si la voix citoyenne peut encore se faire entendre au Niger.