Un tournant historique dans la politique linguistique du Niger. Le gouvernement nigérien a officiellement adopté le haoussa comme langue nationale, reléguant le français au statut de langue de travail. La décision a été actée par décret, conformément aux dispositions de la charte de la refondation, adoptée le 26 mars dernier.
Selon l’article 12 de cette nouvelle charte, le Niger reconnaît désormais onze langues nationales, avec le haoussa placé en tête de liste. Langue majoritaire parlée par une grande partie de la population, le haoussa voit ainsi son rôle renforcé dans la sphère publique et institutionnelle.
Ce changement symbolique s’inscrit dans un contexte de rupture progressive entre le Niger et la France. Il intervient notamment quelques semaines après l’annonce officielle du retrait du pays de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), marquant une volonté affirmée de s’émanciper de l’héritage colonial francophone.
Le gouvernement de transition justifie cette réforme par le souci de promouvoir les langues nationales et de renforcer l’identité culturelle nigérienne. Pour de nombreux observateurs, il s’agit aussi d’un signal politique fort envoyé à l’ancienne puissance coloniale, dans une région sahélienne de plus en plus encline à redéfinir ses alliances.
Le Niger rejoint ainsi ses voisins du Burkina Faso et du Mali, également membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), dans une dynamique de recentrage sur les valeurs et les réalités locales. Reste à voir comment cette nouvelle politique linguistique sera mise en œuvre sur le terrain, notamment dans les domaines de l’éducation, de l’administration et des médias.
Un changement de cap aux accents souverainistes, qui pourrait inspirer d’autres pays du continent en quête de reconquête identitaire.