Niger : le Barreau dénonce des “arrêtés illégaux” et défie le ministre de la Justice

Niger : le Barreau dénonce des “arrêtés illégaux” et défie le ministre de la Justice

L’Ordre des avocats du Niger hausse le ton face à ce qu’il qualifie de dérives graves du pouvoir en place. Réuni en Assemblée générale extraordinaire ce mardi, le Barreau a vigoureusement dénoncé les arrêtés ministériels du 7 août 2025 portant dissolution des syndicats du secteur judiciaire, les jugeant “illégaux” et contraires aux engagements nationaux et internationaux du pays.

La décision, prise sans motivation explicite, a été défendue le 8 août par le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme lors d’un point de presse. Une sortie médiatique que le Barreau considère comme “empreinte de condescendance” et visant à “jeter à la vindicte populaire les acteurs judiciaires concernés”.

Atteinte à la liberté syndicale et à l’indépendance de la justice

Dans sa déclaration, l’Ordre des avocats accuse le ministre de “compromettre la liberté syndicale, l’indépendance de la justice, la liberté d’expression et même le droit à la défense”. Il fustige également des pratiques jugées arbitraires, allant des interpellations illégales aux détentions extrajudiciaires, en passant par le refus d’exécuter certaines décisions de justice.“

Ces actes marquent un recul d’une gravité sans précédent, ravivant des pratiques arbitraires d’un passé que le peuple nigérien croyait révolu”, souligne la déclaration, qui dénonce aussi une “sélectivité inquiétante” dans l’action gouvernementale, prompte à sanctionner des organisations civiles mais lente à agir contre les crimes économiques.

Un appel à la réhabilitation des syndicats

Le Barreau réclame le rétablissement immédiat et sans condition des syndicats du secteur judiciaire, conformément à la Charte de la Refondation, aux conventions 87 et 98 de l’OIT et à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples.

Réaffirmant son rôle de “sentinelle traditionnelle des droits et libertés”, il appelle à la cessation immédiate des violations des droits fondamentaux et à la reprise du dialogue social entre le gouvernement et les acteurs de la justice.

Un geste symbolique de protestation

Pour marquer sa désapprobation, l’Ordre des avocats a décidé de “poser la robe” les jeudi 14 et vendredi 15 août 2025. “Le dialogue est la voie la plus indiquée pour résoudre les maux qui assaillent la justice nigérienne”, rappelle le bâtonnier Maître Oumarou Sandra Kadri, signataire de la déclaration.

Avec ce bras de fer ouvert, la tension entre le ministère de la Justice et les acteurs du secteur judiciaire semble atteindre un niveau critique, dans un contexte où l’État de droit au Niger est plus que jamais sous pression.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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