N’Djaména : l’IA au banc des accusés dans la lutte contre les discours de haine

À l’occasion de son 30e anniversaire, la HAMA transforme une célébration en plaidoyer pour une « résilience numérique » face aux dérives de l’intelligence artificielle.

À l’occasion de son 30e anniversaire, la HAMA transforme une célébration en plaidoyer pour une « résilience numérique » face aux dérives de l’intelligence artificielle.

À N’Djaména, du 25 au 27 septembre 2025, la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA) a choisi d’associer mémoire et vigilance. Plutôt que de se limiter à souffler ses trente bougies, l’institution place le Tchad, et au-delà l’Afrique, au centre d’un débat brûlant : comment endiguer l’essor des discours de haine à l’ère de l’Intelligence Artificielle (IA) ?

Quand les algorithmes attisent la discorde

Définis par l’ONU comme toute communication qui attaque ou stigmatise un groupe en raison de son identité, les discours de haine trouvent aujourd’hui un terrain fertile dans l’espace numérique africain. Facebook, TikTok ou encore WhatsApp sont devenus des chambres d’écho où frustrations sociales, chômage endémique et manipulations politiques se conjuguent pour alimenter tensions intercommunautaires et défiance généralisée.

Loin d’agir comme filtre, l’IA apparaît souvent comme un accélérateur de la haine, la rendant plus virale, plus ciblée et donc plus dangereuse. « Les tragédies du passé, comme le Rwanda en 1994, nous rappellent que la haine commence par des mots avant de se transformer en actes », alertent les organisateurs du colloque.

De l’épée au bouclier : l’appel à une résilience numérique

Mais l’IA ne se résume pas à une menace. Elle peut devenir un instrument de paix, à condition d’être pensée comme un bouclier éthique. Des experts, dont Memtingar Djimatahadoum, présenteront des solutions technologiques capables de détecter et neutraliser les contenus nocifs. Éducation numérique, régulation adaptée et recherche scientifique figurent au cœur des recommandations.

Au-delà de la technique, les participants plaident pour une synergie inédite : gouvernements, régulateurs, plateformes numériques, société civile et chercheurs doivent unir leurs forces pour bâtir une « résilience collective ». Le défi reste majeur : prévenir la haine sans sacrifier la liberté d’expression.

La Déclaration de N’Djaména : un cap pour l’Afrique

Symbole de son âge de maturité, la HAMA entend clore ces assises par la « Déclaration de N’Djaména contre le discours de haine dans les médias ». Un texte fondateur appelé à guider les régulateurs africains face à la montée des menaces numériques.

En filigrane, une conviction forte : la bataille contre la haine ne se gagnera pas seulement avec des lois ou des algorithmes, mais grâce à un choix collectif d’humanité et de responsabilité.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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