La première pluie de la saison, tombée récemment sur N’Djamena, n’a pas seulement arrosé les sols : elle a une nouvelle fois mis à nu la précarité insoutenable dans laquelle travaillent les vendeuses de légumes dans nos marchés urbains. Une situation qui, bien que connue et répétitive chaque saison, demeure ignorée par les autorités compétentes.
Sur les images circulant depuis ce matin, et à travers les cris de ces braves dames, le constat est accablant. Des étals improvisés à même le sol, des légumes souillés par des eaux stagnantes, l’absence totale d’infrastructures de base : ni caniveaux, ni pavage, ni abris pour les protéger. C’est dans cette boue et cette désolation que ces femmes continuent, tant bien que mal, à subvenir aux besoins alimentaires des ménages de la capitale.
Cette situation n’est pas qu’un problème esthétique ou de confort. Elle entraîne des conséquences graves. Il y a un risque sanitaire élevé, avec la contamination probable des denrées exposées à l’eau insalubre et la propagation de maladies hydriques telles que le choléra et la typhoïde.
Il y a aussi une atteinte flagrante à la dignité humaine, car ces vendeuses, véritables piliers de l’économie informelle urbaine, travaillent dans des conditions humiliantes, indignes d’une capitale.
Enfin, l’insécurité publique s’aggrave, avec la boue, les sols glissants, et la congestion des voies d’accès pour les piétons et les engins. Face à cette situation récurrente, des mesures urgentes et concrètes doivent être prises. Les recommandations suivantes sont adressées à la Mairie de N’Djamena, au Ministère du Commerce, aux organisations de la société civile ainsi qu’aux médias.
Aménager des marchés de secours adaptés aux conditions climatiques.
Réhabiliter les zones de vente avec un pavage adéquat, des systèmes de drainage fonctionnels et des étals surélevés.
Lancer un projet de construction de marchés modernes, inclusifs et résilients.
Financer les microprojets portés par les coopératives de vendeuses.
Sensibiliser vendeuses et consommateurs sur les risques sanitaires et les solutions possibles.
Les deux premières recommandations, en particulier l’aménagement des marchés de secours et la réhabilitation des zones de vente, doivent impérativement s’inscrire dans le Projet PILIER, Projet Intégré pour la Lutte contre les Inondations et la Résilience Urbaine.
Ces femmes, pilier silencieux de notre résilience alimentaire, ne méritent ni la boue ni l’oubli. Elles méritent le respect, la sécurité et des conditions de travail dignes. Il ne suffit plus de compatir. Il faut agir. Concrètement. Durablement.