Modernisation de l’agriculture au Tchad : entre promesses de transformation et obstacles persistants

Au Tchad, l’agriculture constitue la principale source de subsistance pour plus de 70 % de la population. Pourtant, ce secteur vital peine à sortir d’un cycle de faible productivité, de vulnérabilité climatique et de marginalisation financière. À l’heure où le pays affiche l’ambition de nourrir sa population et d’assurer sa souveraineté alimentaire, la modernisation de l’agriculture apparaît comme une nécessité… mais aussi un véritable défi.

Une agriculture encore traditionnelle

Dans les campagnes tchadiennes, les outils rudimentaires, les semences non améliorées et l’absence d’irrigation moderne restent la norme. « Nous cultivons avec ce que nous avons, comme nos parents l’ont fait », témoigne un agriculteur dans la région du Guéra. Résultat : des rendements faibles, une dépendance à la pluviométrie, et une exposition constante aux aléas climatiques.

Manque d’accès au financement et aux infrastructures

Le potentiel agricole du Tchad est considérable, mais il reste largement inexploité. En cause : un manque criant d’accès au crédit pour les agriculteurs, des routes rurales dégradées et peu de structures de stockage ou de transformation. De nombreux producteurs vendent leur récolte à perte, faute de pouvoir la conserver ou l’acheminer à temps sur les marchés.

Des efforts engagés, mais encore limités

Des initiatives émergent, portées par le gouvernement et les partenaires internationaux. Le Programme de résilience des systèmes alimentaires (FSRP) ou encore les projets soutenus par la Banque mondiale visent à renforcer la sécurité alimentaire et à améliorer les chaînes de valeur. Mais leur portée reste encore trop limitée face à l’ampleur des besoins sur le terrain.

Un défi stratégique pour l’avenir

Moderniser l’agriculture tchadienne implique bien plus que l’introduction de machines ou de semences hybrides. Il s’agit aussi de former les agriculteurs, d’investir dans la recherche agronomique, de repenser la politique foncière, et d’intégrer les femmes et les jeunes dans ce processus de transformation.

Alors que le Tchad fait face à une croissance démographique rapide et aux effets croissants du changement climatique, le secteur agricole représente un levier essentiel pour bâtir une économie résiliente et inclusive.

« Si nous n’investissons pas sérieusement dans l’agriculture aujourd’hui, nous risquons d’acheter demain ce que nous aurions pu produire nous-mêmes », alerte un expert du développement rural.

La modernisation de l’agriculture n’est donc pas une option. C’est une urgence stratégique.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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