Moment politique inédit au Mali. À l’issue de la phase nationale de la consultation des forces vives de la nation, tenue au Centre international de Conférence de Bamako (CICB), des recommandations majeures ont été formulées, dont la plus marquante reste la proposition d’ériger le Général d’armée Assimi Goïta en Président de la République pour un mandat renouvelable de cinq ans.
La salle de mille places du CICB était bondée ce mardi, reflet de l’intérêt suscité par cette rencontre présidée par le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, entouré d’une importante délégation gouvernementale. Ces consultations s’inscrivent dans la dynamique de relecture de la charte des partis politiques, conformément aux réformes engagées depuis l’adoption de la Constitution du 22 juillet 2023.
Des recommandations fortes et radicales
Organisés autour de trois thématiques – rationalisation du paysage politique, relecture de la charte des partis et lutte contre le nomadisme politique – les travaux ont débouché sur des propositions sans précédent. La dissolution pure et simple de tous les partis politiques en est le principal jalon. Cette mesure s’accompagnerait de conditions drastiques pour la création de nouveaux partis : une caution de 100 millions de FCFA, une représentativité effective sur l’ensemble du territoire et des critères d’âge stricts pour les dirigeants.
Autre recommandation majeure : la suppression du statut de chef de file de l’opposition, jugé non essentiel, et la réorientation des ressources qui lui étaient allouées vers des projets de développement.
Sur le nomadisme politique, les participants préconisent une interdiction totale, accompagnée de sanctions contre les partis accueillant des élus transfuges.
Vers une présidence consolidée pour Assimi Goïta
En marge de ces axes, les forces vives ont également recommandé une révision de la charte de la Transition pour confier à Assimi Goïta un mandat présidentiel de cinq ans à compter de 2025, renouvelable, « à l’instar de ses homologues de l’Alliance des États du Sahel (AES) ». Elles demandent par ailleurs le maintien des autorités actuelles et la suspension des processus électoraux jusqu’à la pacification complète du pays.
D’autres mesures spécifiques incluent :
- L’audit du fichier électoral,
- Le maintien du régime d’autorisation préalable pour les manifestations politiques,
- L’exigence d’une caution de 250 millions FCFA pour toute candidature présidentielle,
- L’instauration d’un scrutin à un seul tour et la réglementation du parrainage politique.
Une étape décisive dans la refondation
Dans son discours de clôture, le Premier ministre Abdoulaye Maïga a salué « des recommandations claires permettant au pays d’avancer et de tourner les pages obscures de son histoire », tout en s’engageant à les transmettre au Chef de l’État.
Ces concertations s’inscrivent dans la continuité des Assises nationales de la refondation (ANR) et marquent une nouvelle étape dans la transition malienne, sur fond de rupture avec les modèles politiques antérieurs.