Au Mali, la menace terroriste continue de prendre de nouvelles formes. Le week-end dernier, des djihadistes affiliés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), branche sahélienne d’Al-Qaïda, ont incendié ou détruit près de 100 camions-citernes qui transportaient du carburant à destination de Bamako. L’information a été rapportée par Africanews, citant un syndicat local.
Une attaque qui vise l’économie
L’attaque, survenue dans la région de Kayes, près de la frontière avec le Sénégal et la Mauritanie, n’a pas seulement frappé les transporteurs. Elle illustre une stratégie plus large : frapper les secteurs vitaux de l’économie malienne. Depuis mai, les islamistes ciblent des entreprises locales et étrangères opérant dans cette zone stratégique, parmi lesquelles des cimenteries, des sucreries et des mines. Cette évolution témoigne d’un changement de tactique : plutôt que d’engager un affrontement direct avec les forces armées, les groupes terroristes cherchent désormais à étouffer l’économie du pays en coupant ses approvisionnements.
Réaction des autorités
Face à la gravité de la situation, l’armée malienne a rapidement renforcé la sécurité des axes routiers reliant le Sénégal au Mali. Une escorte militaire a déjà permis à une quarantaine de bus, plus de 30 camions-citernes ainsi que d’autres véhicules de traverser sans incident. L’objectif est d’éviter de nouveaux blocages qui risqueraient de perturber gravement l’approvisionnement en carburant, essentiel pour la capitale Bamako et pour l’ensemble du pays.
Une guerre d’usure
Pour de nombreux observateurs, ces attaques traduisent une véritable guerre d’usure. Les djihadistes savent que s’attaquer à l’économie peut fragiliser la résilience de l’État et accentuer le mécontentement populaire. En incendiant des camions-citernes, ils touchent directement les secteurs clés de l’énergie et du transport, mettant en danger la stabilité sociale et économique du Mali.
Un défi sécuritaire persistant
Malgré les opérations militaires menées par les Forces armées maliennes (FAMa) et leurs alliés, la sécurisation des grands axes routiers reste un défi majeur. Le corridor Dakar–Bamako, vital pour les échanges commerciaux, apparaît désormais comme une cible privilégiée. Si les mesures d’escorte apportent un soulagement immédiat, elles ne suffisent pas à enrayer une menace mouvante et déterminée.
En attaquant les convois de carburant, le JNIM envoie un message clair : il ne s’agit plus seulement d’un combat territorial, mais d’une lutte visant à affaiblir l’État malien dans ses fondements économiques. Une stratégie qui place les autorités devant l’urgence de concilier lutte armée et protection des infrastructures vitales pour le pays.