Près de 29.000 habitants de la région du Grand Sud à Madagascar font actuellement face à une insécurité alimentaire d’un niveau jugé « d’urgence », selon les dernières données publiées par la Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire (IPC). Cette situation alarmante témoigne d’une dégradation persistante des conditions de vie dans cette partie du pays, régulièrement frappée par la sécheresse, la pauvreté et l’insuffisance des récoltes.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) des Nations unies a averti que si la tendance actuelle se maintient, le nombre de personnes touchées pourrait atteindre 110.000 d’ici 2026. Cette projection traduit une aggravation notable des difficultés d’accès à la nourriture, particulièrement dans les districts les plus vulnérables où la population dépend fortement de l’agriculture de subsistance et de l’élevage.
Selon les experts de l’ONU, la combinaison de plusieurs facteurs – notamment la sécheresse prolongée, la hausse du coût des denrées alimentaires, ainsi que la baisse des revenus ruraux – continue d’éroder la sécurité alimentaire des ménages. À cela s’ajoutent des problèmes structurels tels que le manque d’infrastructures d’irrigation, la faible productivité agricole et la déforestation, qui amplifient les effets du changement climatique.
Le Grand Sud malgache, englobant les régions d’Androy, d’Anosy et de Atsimo-Andrefana, est depuis plusieurs années au cœur des préoccupations humanitaires. Les épisodes récurrents de kéré — le mot local désignant la famine — ont entraîné des migrations internes, des pertes de bétail et une forte dépendance à l’aide alimentaire internationale.
Face à cette situation, le BCAH appelle à une mobilisation urgente des partenaires internationaux afin de renforcer les programmes d’aide alimentaire, mais aussi les actions de résilience à long terme. L’objectif, selon l’agence onusienne, n’est pas seulement de répondre aux besoins immédiats, mais de prévenir une crise humanitaire plus large qui pourrait toucher une part encore plus importante de la population.
« Sans un appui renforcé et coordonné, les communautés du Grand Sud continueront à subir les effets combinés de la pauvreté, du climat et de l’insécurité alimentaire chronique », a souligné un responsable du BCAH, appelant à la solidarité internationale et à l’investissement dans les moyens de subsistance durables.
En attendant, des milliers de familles malgaches vivent dans une précarité extrême, dépendant de l’aide humanitaire pour se nourrir et espérant des jours meilleurs dans une région où les récoltes sont de plus en plus incertaines et la pluie, de plus en plus rare.




