Le climat politique à Madagascar connaît un tournant décisif. Le Président de la Refondation, Randrianirina, a annoncé la préparation d’un mandat d’arrêt international visant l’ancien chef de l’État Andry Rajoelina, exfiltré par la France le 12 octobre, selon plusieurs médias français. Cette décision marque l’une des premières initiatives fortes du nouveau pouvoir, dans un contexte de transition politique encore fragile.
Les accusations portées contre l’ancien président sont particulièrement lourdes. Elles concernent, selon les autorités, le « pillage des richesses nationales », la « persécution de citoyens » ainsi que des crimes impliquant des « blessures par balle ». Le gouvernement de refondation affirme vouloir mener ces poursuites dans un souci de transparence et de justice, alors que le pays tente de tourner la page d’une longue période de tensions institutionnelles.
Un obstacle juridique majeur pourrait cependant ralentir les procédures. Andry Rajoelina a été déchu de sa nationalité malgache le 24 octobre. Il ne dispose désormais plus que de la nationalité française, acquise en 2014. Cette situation pourrait compliquer l’exécution d’un mandat d’arrêt international, d’autant plus que Paris avait accueilli l’ancien président lors de son départ précipité du territoire malgache.
Dans le même temps, les autorités préparent une série de rendez-vous politiques majeurs destinés à redéfinir le cadre institutionnel du pays. Un dialogue national est prévu le 10 décembre, première étape avant un référendum constitutionnel et une élection présidentielle programmée d’ici deux ans. Randrianirina assure ne nourrir « aucune ambition personnelle » pour cette future échéance, insistant sur la nécessité de restaurer la confiance entre les institutions et la population.
Sur le plan diplomatique, le dirigeant malgache affiche une volonté d’ouverture. Il affirme être prêt à « tout type de collaboration », y compris avec la Russie, laissant entrevoir un possible rééquilibrage stratégique à l’international. Cette posture pourrait redessiner les alliances traditionnelles de Madagascar, longtemps restées tournées vers ses partenaires européens et régionaux.
Dans un pays encore marqué par les crises politiques répétées, la confrontation judiciaire annoncée avec l’ancien président et les chantiers institutionnels à venir détermineront largement la trajectoire du nouveau pouvoir dans les mois et années à venir.




