International : Poutine ravive le souvenir d’une amitié historique entre la Russie et les États-Unis

Dans un climat international tendu, le président russe Vladimir Poutine a choisi d’exhumer un pan méconnu de l’histoire pour rappeler que la Russie et les États-Unis n’ont pas toujours été rivaux. Intervenant à la télévision russe, le chef du Kremlin a mis en avant les « relations empreintes de bienveillance et de particularité » qui ont, selon lui, longtemps caractérisé les liens entre Moscou et Washington.

« Nous avons soutenu leur lutte pour l’indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni, en fournissant des armes et une aide financière. Plus tard, nous avons appuyé le Nord durant la guerre de Sécession », a affirmé Vladimir Poutine, insistant sur le rôle que la Russie impériale aurait joué au XVIIIe siècle pour soutenir l’émancipation des colonies américaines. À l’époque, rappelle-t-il, la neutralité armée de l’empire tsariste aurait été un élément dissuasif face aux ambitions britanniques, offrant aux insurgés un espace de manœuvre pour bâtir les fondements d’un nouvel État.

Cette référence historique ne doit rien au hasard : quelques jours plus tôt, le 3 juillet, le président russe avait déjà abordé le sujet lors d’un échange téléphonique avec l’ancien président américain Donald Trump. Profitant des célébrations de l’Independence Day, Vladimir Poutine avait saisi l’occasion pour évoquer ces « pages oubliées de l’histoire bilatérale », espérant sans doute rappeler que la coopération a parfois prévalu sur la confrontation.

Du côté russe, cette insistance à rappeler une proximité passée résonne comme une tentative de relativiser les crispations actuelles. Depuis plusieurs années, les relations entre Moscou et Washington se sont considérablement détériorées, notamment depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et la multiplication des sanctions occidentales à l’encontre de la Russie. Dans ce contexte, raviver le souvenir d’un temps où Saint-Pétersbourg accueillait favorablement les idéaux de la Déclaration d’indépendance américaine relève autant de la communication politique que de l’histoire.

Reste à savoir si cet argumentaire trouvera un écho au-delà des frontières russes. Les historiens rappellent que si la Russie impériale a bien mené une politique de neutralité armée face à Londres, la portée réelle de ce soutien reste sujette à débat parmi les spécialistes des relations internationales. Quant à l’assistance accordée à l’Union durant la guerre de Sécession, elle s’inscrivait également dans une stratégie de défense des intérêts russes face à l’expansion britannique.

À l’heure où la Russie tente de rompre son isolement diplomatique et de se rapprocher de certaines franges de l’opinion américaine, ce rappel historique s’apparente surtout à un geste symbolique. Il témoigne de la volonté du Kremlin de s’inscrire dans une narration où l’hostilité actuelle ne serait qu’un accident de parcours dans une longue histoire marquée, selon Poutine, par des moments de convergence.

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