Inde : RSF dénonce l’usage abusif de l’article 152 du Code pénal contre des journalistes

Reporter sans frontières (RSF) tire la sonnette d’alarme sur la multiplication des procédures judiciaires visant des journalistes indiens et pakistanais, accusés sur la base de l’article 152 du Code pénal. L’ONG dénonce un outil de harcèlement qui, selon elle, met en péril la liberté de la presse dans la plus grande démocratie du monde.

Reporter sans frontières (RSF) tire la sonnette d’alarme sur la multiplication des procédures judiciaires visant des journalistes indiens et pakistanais, accusés sur la base de l’article 152 du Code pénal. L’ONG dénonce un outil de harcèlement qui, selon elle, met en péril la liberté de la presse dans la plus grande démocratie du monde.

Des plaintes ciblant des figures du journalisme

Parmi les journalistes visés figurent Siddharth Varadarajan, cofondateur du média The Wire, et l’éditorialiste Karan Thapar. Une plainte déposée en mai 2025 les mentionne aux côtés du Pakistanais Najam Sethi, fondateur du Friday Times, et d’Ashutosh Bhardwaj, rédacteur en chef de The Wire Hindi.

Bien que cette plainte ait initialement été mise en sommeil, la police criminelle de Guwahati a relancé la procédure le 12 août dernier en convoquant Varadarajan et Thapar.

La Cour suprême en contrepoids

Face à cette escalade judiciaire, la Cour suprême indienne a accordé à plusieurs reprises une protection aux journalistes et à la Fondation pour le journalisme indépendant, propriétaire de The Wire. Le 22 août, les juges ont renouvelé cette mesure de sauvegarde, tout en demandant aux intéressés de « coopérer pleinement » avec l’enquête.

Le journaliste Abhisar Sharma a lui aussi bénéficié d’une protection temporaire de quatre semaines contre une arrestation, le 28 août. La prochaine audience est fixée au 15 septembre 2025.

L’article 152, un héritage de la loi coloniale sur la sédition

RSF souligne que l’article 152 du nouveau Code pénal indien n’est autre qu’une réplique de la loi sur la sédition (article 124A), suspendue en 2022 pour abus. Depuis son retour en 2023, cette disposition a servi à poursuivre plusieurs journalistes, dont Mohammed Zubair, rédacteur en chef d’Alt News.

« Les autorités indiennes doivent mettre fin à l’utilisation arbitraire de l’article 152 du Code pénal et de tout outil de harcèlement judiciaire contre les professionnels des médias », déclare Célia Mercier, responsable du bureau Asie du Sud de RSF, citée dans le communiqué.

Liberté de la presse sous pression

Pour RSF, l’acharnement judiciaire traduit une tendance inquiétante : la criminalisation du journalisme critique. L’ONG appelle les autorités indiennes à respecter leurs engagements démocratiques et à cesser d’utiliser des lois héritées de l’ère coloniale pour museler les voix indépendantes.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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