Dans un exercice de transparence républicaine devenu régulier, le Porte-parole de la Présidence de la République gabonaise a tenu ce 12 juin une conférence de presse au Palais présidentiel. L’occasion pour la Présidence de dresser un large panorama de l’action engagée par le Chef de l’État, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, depuis son investiture le 3 mai dernier. Au menu : diplomatie apaisée, souveraineté économique, réformes de fond et gouvernance de résultats. Une volonté claire se dessine : transformer en profondeur l’État gabonais.
Diplomatie de paix et affirmation régionale
La première partie de l’intervention du porte-parole a été consacrée à l’agenda diplomatique du président. Un fait marquant : la visite d’État à Malabo, en Guinée équatoriale, le 4 juin 2025. Dans le contexte sensible de la décision de la Cour internationale de justice (CIJ) sur le différend autour des îles Mbanié, Cocotiers et Conga, les deux chefs d’État ont affiché une volonté commune de coopération et de règlement concerté. Un comité d’experts bilatéral a été institué à cet effet.
Mais au-delà du contentieux frontalier, Libreville et Malabo ont scellé une série d’accords stratégiques dans les domaines de la santé, de la culture, du sport et surtout de la défense. Une dynamique qui illustre une vision renouvelée de la politique étrangère gabonaise : non plus tournée vers la confrontation, mais centrée sur la co-construction, l’intégration et la paix régionale.
Le repositionnement diplomatique du Gabon s’est aussi affirmé lors du sommet de la CEEAC à Sipopo. Le Président Oligui y a réitéré son ambition de voir l’Afrique centrale passer du rôle de spectatrice à celui d’actrice de sa transformation. Ce volontarisme s’est notamment traduit par le soutien du Gabon aux réformes institutionnelles, à la sécurité maritime et à la promotion de l’économie bleue.
Rupture avec l’ordre ancien : cap sur la souveraineté économique
L’un des tournants marquants annoncés est la suspension de l’Accord de Partenariat de Pêche Durable (APPD) avec l’Union européenne. Le Président dénonce un accord « économiquement déséquilibré » et sans « impact structurant » pour le pays. La surexploitation des ressources halieutiques sans bénéfices tangibles pour les populations gabonaises justifie, selon la Présidence, cette décision unilatérale.
L’objectif affiché est clair : renégocier un partenariat plus équitable, fondé sur la souveraineté et le respect des intérêts nationaux. Le message est fort : le Gabon veut maîtriser ses ressources, les transformer localement, créer de la valeur ajoutée et des emplois pour sa jeunesse.
Cette logique de souveraineté économique se traduit également dans deux mesures emblématiques adoptées en Conseil des ministres :
- L’interdiction d’exporter du manganèse brut d’ici 2029, au profit d’une transformation locale.
- La fin annoncée de l’importation de poulet de chair dès 2027, pour relancer une filière avicole nationale en berne.
Réformes structurelles et gouvernance exigeante
Sur le plan intérieur, l’attention a été portée sur la situation préoccupante de la SEEG (Société d’Eau et d’Énergie du Gabon). Après une période d’administration provisoire, une nouvelle équipe dirigeante a été nommée le 3 juin avec un mandat clair : réhabiliter les infrastructures, réduire les pertes, améliorer la desserte et préparer la séparation des activités eau et électricité. Un vaste plan d’investissement d’environ 1 000 milliards de FCFA est en cours de déploiement.
En parallèle, la Présidence a réaffirmé l’ambition d’une administration rénovée. Une circulaire présidentielle, datée du 8 mai, impose désormais aux membres du gouvernement une obligation de résultats, fondée sur la rigueur, la collégialité, l’éthique et la transparence. Les décisions devront être préparées avec méthode et faire l’objet d’un suivi rigoureux, appuyé par des rapports trimestriels et un rapport annuel de performance.
La création de cinq Fonds stratégiques (eau, habitat, infrastructures, agriculture, pêche et aquaculture) s’inscrit dans cette logique de planification à long terme.
Urbanisme et transition : un cap assumé malgré les critiques
Enfin, sur le chantier de l’aménagement de la zone dite « derrière l’Assemblée », dans le cadre de la construction du Boulevard de la Transition et de la cité administrative, le porte-parole a tenu à rassurer les populations. Ces projets sont conçus pour moderniser Libreville et lutter contre les inondations, sans mépriser les droits des riverains concernés. Le Chef de l’État suit personnellement ce dossier, avec la volonté que la transformation urbaine s’accompagne d’un respect scrupuleux de la dignité humaine.
Une présidence au pas de course
Depuis son investiture, le Président Oligui Nguema imprime un rythme soutenu à l’action gouvernementale. De la diplomatie régionale à la réforme de l’administration, en passant par la reconquête des ressources naturelles, la ligne directrice est celle d’une refondation nationale structurée et souveraine.
Reste à voir si cette ambition forte, traduite en décisions politiques, tiendra sur la durée. Le cap est fixé. Le pari est lancé.