Ce 5 mai 2025, le Gabon écrit une nouvelle page de son histoire politique. Pour la première fois depuis l’indépendance, le pays se dote officiellement d’un Vice-Président de la République. L’homme choisi pour occuper cette fonction inédite est Séraphin Moundounga, figure emblématique de la réforme et ancien ministre de la Justice.
Une nomination qui sonne comme une réhabilitation
Séraphin Moundounga n’est pas un inconnu de la scène politique gabonaise. Bien au contraire, sa carrière est jalonnée de prises de position fortes et de ruptures assumées. Ministre respecté sous Ali Bongo Ondimba, il démissionne en 2016 à la suite d’un processus électoral jugé opaque. Son geste, rare dans l’environnement politique gabonais, lui vaut l’exil et le respect d’une partie de l’opinion publique.
En le nommant tout premier Vice-Président de la République, le général-président Brice Clotaire Oligui Nguema envoie un message clair : il s’agit de tourner la page des pratiques opaques et de renforcer les institutions par des hommes de conviction.
Un juriste aux convictions solides
Formé à Libreville et à Paris, Séraphin Moundounga est d’abord un intellectuel. Juriste rigoureux, il a longtemps plaidé pour une justice indépendante et une gouvernance fondée sur l’éthique. En exil, il fonde le MOREV (Mouvement pour le réarmement moral, le civisme et les valeurs), une plateforme qui milite pour la transparence, la réforme institutionnelle et l’éducation civique.
Son retour au pays, en octobre 2023, avait déjà marqué les esprits. En moins de deux ans, il est devenu une figure incontournable de la transition, d’abord à la tête du Conseil économique, social et environnemental, puis désormais à la vice-présidence.
Un rôle encore à définir, mais déjà symbolique
Le poste de Vice-Président de la République, rétabli dans la nouvelle architecture institutionnelle, n’avait jamais été pourvu jusqu’à aujourd’hui. Séraphin Moundounga en devient le tout premier titulaire, un fait historique en soi.
S’il ne détient pas de pouvoir exécutif autonome, sa proximité avec le président et sa stature intellectuelle lui confèrent un poids certain dans l’appareil d’État. Son profil, à la fois modéré et ferme, pourrait faire de lui un artisan du dialogue entre les forces civiles, militaires et les partenaires internationaux.
Un pari sur la confiance et la compétence
Dans un pays en quête de stabilité et de crédibilité, le choix de Moundounga apparaît comme un signal fort. Celui d’un retour à la raison, d’un engagement en faveur des réformes, et d’une volonté de bâtir des institutions solides, loin des logiques clientélistes du passé.
Reste désormais à savoir comment cet intellectuel intègre, qui a fait de la justice et de la transparence ses boussoles, parviendra à s’imposer dans un système encore en recomposition. Le Gabon l’observe. L’Afrique aussi.