Le Togo tourne une nouvelle page de son histoire politique. Ce samedi 3 mai 2025, Faure Essozimna Gnassingbé a prêté serment en tant que tout premier Président du Conseil des ministres, devenant de facto le chef du gouvernement sous le nouveau régime parlementaire institué par la Constitution de la Ve République.
Cette mutation institutionnelle, issue de la révision constitutionnelle adoptée en avril 2024, marque une rupture majeure avec le modèle présidentiel dominant en Afrique de l’Ouest. Le pays opte désormais pour un régime parlementaire dans lequel le pouvoir exécutif est concentré entre les mains du Président du Conseil, nommé par la majorité parlementaire.
Un pouvoir renforcé pour Faure Gnassingbé
Aux commandes du pays depuis 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, Faure Gnassingbé conserve le pouvoir à travers cette nouvelle fonction stratégique. Il concentre désormais la quasi-totalité des leviers de l’exécutif : direction de la politique nationale, commandement des forces armées, conduite des affaires étrangères, nomination aux postes civils et militaires, présidence des conseils des ministres, initiative législative, pouvoir réglementaire et dissolution de l’Assemblée.
Pour ses détracteurs, cette réforme constitutionnelle n’est qu’un habillage institutionnel visant à prolonger une domination politique déjà établie. Pour ses partisans, elle symbolise un pas vers une gouvernance plus moderne et conforme aux standards parlementaires.
Une Ve République controversée
Si cette transition fait du Togo le premier pays d’Afrique de l’Ouest francophone à adopter un régime parlementaire intégral, le processus ayant mené à ce changement reste critiqué. L’opposition dénonce une réforme « technocratique et élitiste », adoptée sans consultation populaire, ni référendum, et largement pilotée par le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR).
De nombreux citoyens togolais disent ne pas comprendre les implications concrètes de ce nouveau système. Le rôle de Président de la République devient désormais purement honorifique, avec une fonction représentative. Le Congrès du Parlement est attendu dans la journée pour élire cette figure symbolique.
Un tournant institutionnel à l’avenir incertain
Si le basculement vers un régime parlementaire est inédit dans la région, il soulève de nombreuses interrogations : permettra-t-il un véritable équilibre des pouvoirs ? Apportera-t-il une nouvelle dynamique démocratique ? Ou consacrera-t-il, au contraire, une forme de présidentialisme déguisé ?Pour l’heure, Faure Gnassingbé reste l’homme fort du pays, sous un nouveau costume constitutionnel. L’histoire dira si ce changement marque une évolution réelle ou une continuité maquillée.