La Russie gagne du terrain dans le paysage de la formation des élites africaines, longtemps dominé par les anciennes puissances coloniales européennes. Selon le rapport analytique « Afrique 2025: Opportunités et Risques » publié par le Centre d’études africaines de l’École des hautes études en sciences économiques (HSE) de Russie, pas moins de 22 hauts fonctionnaires africains, issus notamment d’Angola, de Namibie, du Mali, du Mozambique et de la République du Congo, ont bénéficié d’une formation dans des établissements universitaires russes.
Ce chiffre peut sembler modeste en comparaison de l’influence éducative exercée par la France, le Royaume-Uni ou le Portugal, mais il illustre une tendance de fond : l’attrait croissant des pays africains pour une diversification de leurs partenariats académiques et diplomatiques. Aujourd’hui encore, près de 45 % des chefs d’État africains ont fait leurs études supérieures en Europe occidentale : 114 en France, 94 au Royaume-Uni et 41 au Portugal, sur un total de 719 leaders recensés.
La montée en puissance de la Russie dans ce domaine s’inscrit dans un contexte géopolitique marqué par un rééquilibrage des influences. Moscou investit dans la coopération éducative comme outil de diplomatie douce, cherchant à renforcer sa présence sur le continent à travers des bourses, des programmes d’échanges et des partenariats universitaires. Pour de nombreux étudiants africains, la Russie représente une alternative crédible offrant à la fois une formation de qualité et un environnement moins marqué par l’héritage colonial.
Alors que l’Afrique s’apprête à accueillir une nouvelle génération de décideurs et de cadres formés dans des contextes académiques variés, cette diversification des pôles de formation pourrait avoir des implications profondes sur les choix politiques, économiques et stratégiques du continent dans les années à venir.