Ce 10 novembre 2025, le Tchad s’apprête à présenter officiellement, à Abou Dhabi, son nouveau Plan national de développement intitulé « Tchad Connexion 2030 ». Un moment stratégique pour un pays qui aspire à transformer ses défis structurels en leviers de croissance. Porté par une vision à la fois économique, sociale et technologique, ce plan trace les contours d’un Tchad moderne, connecté et résilient.
Sur le papier, les ambitions sont considérables : diversifier l’économie, stimuler le secteur privé, développer les infrastructures, renforcer le capital humain, et faire du numérique un moteur de développement. Avec un budget estimé à 30 milliards de dollars sur cinq ans, l’objectif affiché est d’amorcer une véritable mutation systémique du pays.
Mais à l’épreuve des faits, un constat s’impose : l’histoire récente du Tchad enseigne que les plans de développement les plus prometteurs échouent souvent non pas par manque d’idées, mais par déficit de gouvernance. La corruption, les détournements de fonds publics et le clientélisme minent encore la mise en œuvre des politiques publiques. Ces pratiques, enracinées dans le fonctionnement administratif et politique, fragilisent la confiance des citoyens et découragent les investisseurs internationaux, pourtant indispensables à la réussite de ce plan.
Le PND « Tchad Connexion 2030 » se veut une rupture. Mais la rupture ne se décrète pas : elle se prouve. La crédibilité de ce projet dépendra de la capacité des autorités à instaurer une gestion transparente des ressources, à rendre des comptes régulièrement, et à associer la société civile et le secteur privé dans le suivi des réalisations.
Le lancement à Abou Dhabi est une vitrine diplomatique ; mais la réussite, elle, se jouera à N’Djamena, Moundou, Abéché ou Mongo là où les citoyens attendent des résultats concrets : des routes praticables, des écoles fonctionnelles, un accès à l’eau, à l’électricité et à l’emploi.
Le Tchad ne manque ni de talents ni de potentiels. Il lui manque encore la rigueur nécessaire pour transformer les discours en actions durables. Si « Tchad Connexion 2030 » veut marquer un tournant historique, il devra être plus qu’un document de stratégie : il devra devenir un pacte national de redevabilité et de confiance.
L’heure est venue pour le pays de prouver que la bonne gouvernance n’est pas un slogan importé, mais une exigence patriotique. C’est à cette condition que la connexion avec l’avenir pourra réellement s’établir.
